Pétrole et plastique : le revers du look des sportifs
La facture environnementale de nos vêtements de sport, comme celle de toute l’industrie du textile, pose aujourd’hui question : 3e secteur consommateur d’eau dans le monde, responsable de l’émission de 1,2 milliard de tonnes de gaz à effet de serre (soit plus que les vols internationaux et le trafic maritime réunis) et source de nombreuses pollutions.
Le polyester est l’une des matières favorites des fabricants de vêtements de sport. Reconnue pour son élasticité, la matière n’agit pas comme une éponge au contact de la transpiration. Elle se froisse peu…. Oui, mais elle est fabriquée à partir du pétrole et relâche à chaque lavage des micro-particules de plastique qui ne sont pas éliminées en station d’épuration et finissent dans les rivières, les fleuves puis les océans. Ainsi, en raison du lavage de nos vêtements, l’équivalent de 500 000 tonnes de micro particules de plastique s’accumulent tous les ans dans l’océan.
Le coton pose lui aussi problème ; en effet, un seul t-shirt en coton nécessite l’équivalent de 70 douches (sur l’ensemble de son cycle de vie) et le coton est la principale culture consommatrice de pesticides au monde, avec des impacts majeurs sur les écosystèmes.
Les Perfluorocarbures (PFC), utilisés dans les chaussures de sport ou encore dans les vêtements de ski, assurent la déperlance de nos vêtements (à savoir leur capacité à rester imperméable mais à laisser la transpiration du corps s’évacuer vers l’extérieur). Mais ces composés sont aussi volatils et alourdissent le stock de gaz à effet de serre. Selon l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), ils ont aussi des effets néfastes sur la santé et agissent par exemple en qualité de perturbateur endocrinien.
L’écoconception : un atout pour la planète
Pour amoindrir tous ces impacts, l’écoconception s’impose comme une solution d’avenir. Dans le principe, il s’agit de concevoir une offre de produits plus respectueux de l’environnement.
Comment ça marche, concrètement ? Pour commencer, on établit un diagnostic des impacts environnementaux de nos produits et on détermine à quelle étape ils surviennent sur l’ensemble du cycle de vie. Éco-concevoir un produit, c’est donc s’interroger sur le choix des matières premières, sa fabrication, sur les ressources et l’énergie consommées pour celle-ci, sur l’impact des transports ou acheminements de matières ou de produits, mais encore sur les usages que les consommateurs en feront. Enfin, bien sûr, c’est évaluer sa fin de vie : pourra-t-il être réemployé, sera-t-il assez durable pour être revendu, les matières qui le composent pourront-elles être recyclées ?
Un affichage environnemental déjà en place sur les vêtements de sport
Informer le consommateur est essentiel pour promouvoir les vêtements les plus respectueux de l’environnement. C’est aussi ce qui incitera, à terme, les entreprises à avoir de plus en plus recours à l’écoconception.
Du côté des vêtements de sport, l’enseigne Decathlon a mis en place un affichage environnemental avec l’aide et l’expertise de l’ADEME.
À ce jour, plus de 60 % des produits sont évalués et se voient attribuer une note allant de A jusqu’à E, calculée sur l’ensemble du cycle de vie du produit : choix des matières premières, fabrication, transport, fin de vie, etc.
Aujourd’hui, les articles d’habillement et les chaussures bénéficient d’une note environnementale.
Surfer sur une vague verte
D’autres initiatives voient le jour. Prenons l’exemple des combinaisons en néoprène que l’on voit de plus en plus sur les plages. Produit à base de pétrole ou de calcaire, le néoprène a de lourds impacts environnementaux, puisque, selon son procédé de fabrication, il :
- mobilise des ressources non renouvelables ;
- génère de fortes émissions de CO2 pendant les phases d’extraction et de transformation de la matière première ;
- aboutit à la création d’une matière non biodégradable (et pour laquelle, à ce jour, aucune filière de recyclage n’existe) ;
- pollue l’air (conception, utilisation de solvants, etc.).
Mais à défaut de pétrole, on peut avoir des idées. C’est le cas des fondateurs de Soöruz, par exemple, concepteurs d’une combinaison de surf fabriquée à base de coquille d’huîtres et adeptes du recyclage pour produire les rembourrages. Une idée qui pourrait faire flores et tirer tout le secteur vers le haut…
Pour aller plus loin
Envie d'en savoir plus sur l'écoconception dans le domaine sportif ? Consultez ces liens utiles pour faire le tour de la question.
Sur le site du Ministère des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques :
Sur le site du Ministère de la Mer :