Changeons d’air, changeons de mobilité

Déplacements

Nos habitudes en matière de mobilité recouvrent des enjeux sanitaires majeurs. C’est la raison pour laquelle il nous faut repenser nos modes de déplacement… Au bénéfice de la santé de tous.

16 octobre 2023

Durée de lecture : 9 minutes

Pourquoi nous faut-il nous déplacer autrement ?

Alors que les ¾ des trajets domicile-travail se font seul en voiture, notre dépendance à la voiture contribue à la pollution de l’air et nous expose aux émissions nocives liées au trafic routier. Celui-ci représente en effet 54 % des émissions nationales d’oxydes d’azote et 15 % des particules fines.

Les effets de la pollution de l’air sur la santé sont connus. Ils peuvent être immédiats ou à plus long terme. La pollution de l’air peut aggraver et même être à l’origine de maladies respiratoires (asthme, cancer du poumon, bronchiolite, etc.) ou cardiovasculaires (infarctus, accidents vasculaires cérébraux, arythmies, etc.). On estime que 40 000 décès sont attribuables chaque année dans notre pays, aux particules fines, et 7 000 au dioxyde d'azote.

Les solutions existent pourtant pour participer à l’amélioration de la qualité de l’air :

  • en troquant son véhicule thermique pour un modèle moins polluant, neuf ou d’occasion, ou encore en changeant le moteur de son véhicule pour passer à l’électrique, à la faveur des aides à l’achat ou à la location proposées par l’État…
  • en découvrant ou en redécouvrant toutes les alternatives en matière de mobilité, telles que le vélo et la marche sur les courts trajets, les transports en commun ou le covoiturage sur les trajets un peu plus longs…

Les bénéfices d’une évolution profonde dans nos habitudes de déplacement ne se limitent d’ailleurs pas qu’à la seule amélioration de la qualité de l’air. Notre lutte commune contre le changement climatique peut également en tirer parti, à l’heure où plus d’un tiers des gaz à effet de serre sont émis par le secteur des transports (plus de la moitié de ces émissions étant dues aux seules voitures particulières).

Autre bénéfice non négligeable : la réduction du bruit lié au trafic. Un élément qui a lui aussi des conséquences sur notre santé. Selon la Commission européenne, le bruit représente même la deuxième plus grande menace pour la santé environnementale en Europe après la pollution atmosphérique, avec plus de 100 millions de citoyens exposés à des niveaux sonores excessifs.

Zone oui aux déplacements plus actifs !

Les atouts de la marche et du vélo sur les petites distances

On ne le sait pas forcément mais en ville, 40 % des trajets quotidiens effectués en voiture font moins de 3 km. Ils sont par ailleurs 2 fois plus polluants qu’un trajet de plus grande distance : la faute à une surconsommation de carburant à moteur froid ou encore aux arrêts et redémarrages fréquents liés à la circulation en ville.

L’alternative idéale, sur les petites distances, quand c’est possible, c’est le vélo. Deux-roues seulement, mais bien plus d’atouts. Car le vélo, c’est :

  • Économique : le coût d'un vélo équivaut à 3 pleins d'essence en moyenne (pour un prix du carburant à environ 2 €/litre).
  • Écologique : il ne pollue pas.
  • Bon pour la santé : selon l’OMS, 30 minutes d’activité physique quotidienne réduisent de 30 % le risque de maladies (cardiovasculaires, diabète…). Sans compter le stress évité : fini les problèmes de stationnement et les embouteillages !
  • Plus rapide qu’on ne le croit : en ville, le vélo est aussi rapide que la voiture sur les distances inférieures à 5 km.
  • Pratique : les cycles à assistance électrique permettent d’envisager des trajets plus longs (ou pentus). Pour transporter les enfants ou vos courses le vélo-cargo est en outre une parfaite alternative.

Autant d’arguments pour passer le cap, non ? D’autant plus que dans toutes les grandes villes, on trouve désormais des stations de vélos en libre-service, souvent en liaison avec les réseaux de transports en commun ou les parkings. Les pistes cyclables se développent sur tout le territoire de même que les zones dédiées au stationnement des vélos en ville ou encore les parkings à vélo sécurisés à proximité des gares.

Économique, écologique et vertueux pour la santé, la marche l’est encore plus que le vélo. Elle représente le 2e mode de déplacement en France et les centres-villes ne s’y trompent pas en étant de plus en plus nombreux à aménager des zones piétonnes et/ou des « zones de rencontre » avec une vitesse des véhicules limitée à 20 km/h et la priorité donnée aux piétons.

Pour les trajets du quotidien plus distants : pensons transports en commun ou covoiturage

Les transports en commun sont moins polluants que la voiture et eux aussi plus économiques. Si le coût annuel moyen d’un trajet domicile-travail de 10 km est de 1 000 € en voiture, il n’est que de 300 € en bus !

Quand l’offre existe, mieux vaut donc privilégier le métro, le tramway, le car, le bus ou encore le train. D’autant que des aménagements piétonniers ou cyclables se développent dans de nombreuses villes pour favoriser l’accès aux gares. De quoi expérimenter l'intermodalité en panachant sur un même trajet la marche, le vélo et un ou plusieurs transports en commun !

Dans les secteurs mal desservis en transports en commun notamment, le covoiturage est une alternative qui a de l’avenir : 900 000 Français l'ont déjà adopté pour leurs trajets domicile-travail. Les avantages : le partage des frais de carburant et des émissions de polluants atmosphériques en moins. Outre les sites spécialisés de mise en relation entre particuliers et les services de covoiturage proposés par certaines entreprises, on peut aussi s'arranger entre collègues ou voisins.

Une bonne raison de s’y mettre : depuis le 1er janvier 2023, les conducteurs qui se lancent dans le covoiturage courte-distance peuvent recevoir une prime de 100 €, via les plateformes de covoiturage éligibles.

Besoin de flexibilité ? L’autopartage : une solution réactive

On peut être un grand adepte de la marche, du vélo et des transports en communs et avoir parfois besoin d’une voiture ; pour les loisirs, les déplacements longs ou pour aller faire de grosses courses.

L’autopartage est une solution, en particulier si vous ne voyez pas l’intérêt d’être propriétaire d’un véhicule qui passe le plus clair de son temps au parking. Dans le cadre de l’autopartage, vous utilisez un véhicule mutualisé. Ce sont des coûts en moins (assurance, charges d’entretien) mais aussi des tracas de stationnement qui disparaissent.

Adopter un véhicule moins polluant : faisons le point sur les aides

Le renouvellement du parc automobile est l’un des leviers pour améliorer à terme la qualité de l’air. C’est pourquoi l’État a mis en place les aides suivantes (montants valables en 2023) :

Le bonus écologique

Pour ceux qui achètent un vélo (classique ou à assistance électrique), un véhicule électrique et/ou à hydrogène neuf. Le montant de ce bonus peut aller, en fonction du revenu fiscal de référence notamment, jusqu’à 7 000 € pour les voitures dont le prix est inférieur à 47 000 €, 8 000 € pour les camionnettes et 2 000 € pour les vélos.

La prime à la conversion

Pour ceux qui remplacent un véhicule ancien (essence immatriculé avant 2006, diesel immatriculé avant 2011) par un vélo ou un véhicule motorisé plus propre (électrique, hydrogène ou classé crit’air 1). En fonction du véhicule choisi et du revenu fiscal de référence, la prime, peut aller jusqu’à 6 000 euros pour une voiture, 10 000 euros pour une camionnette et 3 000 euros pour un vélo à assistance électrique. Elle est augmentée pour les personnes habitant ou travaillant en zone à faibles émissions, jusqu’à 3 euros supplémentaires.

La prime au retrofit

Pour ceux qui remplacent le moteur de leur véhicule thermique par un moteur électrique. Les montants sont alignés sur ceux de la prime à la conversion pour un même véhicule, y compris la surprime en zone à faibles émissions.

Le prêt à taux zéro

Pour faciliter le financement de l'acquisition de véhicules électrique ou hybrides rechargeables, un prêt à taux zéro est mis en place dans les ZFE en dépassement régulier des normes de qualité de l'air.

Le microcrédit véhicules propres

Un prêt pour les personnes à faibles ressources, qui se voient refuser un financement par le système bancaire classique, et qui sont porteuses d’un projet personnel contribuant à améliorer leur insertion professionnelle. Le bénéficiaire est en outre accompagné dans la gestion de son budget par un réseau d’accompagnants social.

Le leasing social

Une offre de leasing social à destination des ménages modestes sera disponible à partir de 2024. Les ménages éligibles pourront louer avec option d'achat un véhicule électrique produit en Europe à 100 € par mois. Les pré-réservations pourront être effectuées via une plateforme en ligne d'ici fin 2023 pour des livraisons de véhicules en 2024.

À savoir

Ces aides sont cumulables avec les aides proposées par votre collectivité locale, votre département et votre région.

    Les autres aides

    D’autres aides peuvent par ailleurs vous aider à adopter une mobilité ou un moyen de déplacement moins polluants.

    • Le remboursement partiel des abonnements de transport, obligatoire pour votre employeur. Il est valable pour les abonnements de transport(s) en commun mais aussi, on le sait moins, pour les abonnements de vélos en libre-service utilisés sur les trajets domicile-travail.
    • Le forfait mobilités durables, aide facultative accordée par les employeurs pour faciliter l’utilisation au quotidien de moyens de transport plus écologiques (vélo, covoiturage, véhicule partagé…). Exonérée d'impôt jusqu'à 700 € par an, l’aide est cumulable avec le remboursement partiel des abonnements de transport (dans la limite de 800 € par an).

    Les zones à faibles émissions (ZFE) : mieux respirer en ville

    Véritable enjeu de santé publique, la qualité de l’air est une préoccupation réelle des citoyens. Pour ne prendre que quelques exemples :

    • En 2021, 7 parents sur 10 se déclaraient préoccupés par la pollution de l'air autour de l'établissement scolaire ou la crèche de leur(s) enfant(s).
    • En 2022, 44 % des Français témoignaient de gênes à cause de la pollution de l’air et 70 % d’entre eux percevaient la circulation routière comme une des principales sources de pollution.

    Cette préoccupation est aussi celle des pouvoirs publics et des collectivités à travers la mise en place de Zones à faibles émissions (ZFE) qui prévoient de restreindre progressivement leur accès aux véhicules les plus polluants (via les vignettes Crit’Air). Les zones à faibles émissions existent dans 13 autres pays européens (Allemagne, Angleterre, Autriche, Belgique, Danemark, Écosse, Espagne, Grèce, Pays-Bas, Italie, Portugal, République Tchèque, Suède) et pour certains, depuis plus de 20 ans.

    Concrètement, une ZFE est une zone comportant des voies routières où la circulation des véhicules les plus polluants est restreinte, selon des modalités spécifiques définies par la collectivité. L’objectif ? Réduire sensiblement les émissions de polluants atmosphériques et améliorer la qualité de l’air locale, au bénéfice de la santé des habitants et autres usagers concernés par la ZFE.

    Actuellement, la France recense 12 ZFE. D'ici au 31 décembre 2024, toutes les grandes agglomérations en France métropolitaine seront concernées. Deux types de territoires sont aujourd’hui distingués.

    Les territoires ZFE

    Ce sont les territoires qui dépassent de manière régulière les seuils réglementaires de qualité de l’air.
    Ces ZFE doivent respecter le calendrier législatif de restrictions aboutissant à des restrictions pour les voitures diesel de plus de 18 ans au 1er janvier 2024 (Crit’Air 4), puis pour les voitures diesel de plus de 14 ans et les voitures essence de plus de 19 ans au 1er janvier 2025 (Crit’Air 3). En raison de l’amélioration de la qualité de l’air, les agglomérations concernées sont en diminution constante, année après année : elles sont aujourd’hui au nombre de 5 (Lyon, Marseille, Paris, Rouen, Strasbourg).

    Les territoires de vigilance

    Ce sont les agglomérations qui respectent les seuils réglementaires de qualité de l’air mais sont au-dessus des valeurs cibles recommandées par l’Organisation Mondiale de la Santé.
    Pour les agglomérations n’ayant pas encore mis en place de règles et qui respectent les valeurs réglementaires de qualité de l’air : la seule obligation prévue par la réglementation est la restriction de circulation, avant le 1er janvier 2025, des voitures immatriculées avant le 31 décembre 1996 (non classés) et/ou des véhicules utilitaires légers immatriculés avant le 30 septembre 1997 (non classés) et/ou des poids lourds immatriculés avant le 30 septembre 2001.

    Où et comment obtenir une Vignette Crit’Air

    La vignette Crit’Air permet de classer les véhicules en fonction de leurs émissions polluantes en particules fines et dioxyde d’azote (NO2).

    Il vous est possible de l’obtenir :

    Attention aux escroqueries

    Le site officiel Crit’Air du ministère n’envoie pas de message SMS aux usagers pour acheter des vignettes. Une vignette Crit’Air coûte 3,72 euros pour un véhicule immatriculé en France. Le seul site officiel est : certificat-air.gouv.fr

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