Le vrac en bon ordre de marche
Le marché de la vente en vrac est en plein boom. En octobre 2020, on dénombrait ainsi 528 magasins spécialisés dans le vrac. A ceux-ci, il faut ajouter tous les distributeurs ayant aménagé des rayons vrac dans leurs espaces traditionnels de vente. À ce jour, 88 % des magasins spécialisés Bio proposent des produits en vrac, 83 % des supermarchés et 45 % des magasins de proximité. L’offre, quant à elle, se diversifie. Aujourd’hui dominée par l’épicerie sèche (céréales, biscuits, légumineuses), on assiste à un développement des produits de droguerie-parfumerie-hygiène (DPH) au sein des rayons vrac.
Cette croissance n’a rien d’illogique quand on mesure l’appétence, elle aussi de plus en plus forte, des consommateurs ; une appétence freinée par l’apparition de la pandémie mais qui a repris du poil de la bête depuis. Au premier rang des motivations des consommateurs, la réduction des déchets liés aux emballages, du gaspillage alimentaire mais aussi un besoin de consommer des produits « plus sains ».
Le vrac est-il bon pour l’environnement ?
Chaque année, ce sont environ 5 millions de tonnes d’emballages ménagers qui sont mises sur le marché. Même si le recyclage progresse (68 % de ces emballages ont été collectés en 2020 – source CITEO), une partie d’entre eux n’est pas encore systématiquement trié pour être recyclé. Il est donc logique de penser que le vrac pourrait constituer une partie de la solution. Qu’en est-il dans les faits ?
Une étude récente de l’ADEME confirme cet apport positif. Celle-ci a sélectionné 10 scénarii pour évaluer les impacts environnementaux de la distribution vrac, comparés à ceux d’une distribution en préemballé. Les 10 scénarii choisis sont représentatifs des acteurs du secteur mais également des produits et des processus existants, couvrant :
- les produits alimentaires secs (amandes, riz, biscuits), liquides (huile d’olive, vinaigre) et les produits DPH (lessive liquide et savon liquide) ;
- les produits les plus vendus en vrac et les modalités de distribution en vrac ou assimilé les plus courantes ou au contraire au stade expérimental ou en développement.
Résultat : l’impact environnemental du vrac est globalement positif mais peut être influencé par les pratiques des professionnels de la distribution comme des consommateurs. Par exemple, une mauvaise gestion des rayons vrac ou des mauvaises manipulations entrainent des pertes de produits qui peuvent renverser ses bénéfices environnementaux.
Quelques recommandations
Si des recommandations claires sont faites par cette étude, à tous les acteurs de cette filière de distribution, le consommateur a aussi un rôle à jouer pour renforcer les bienfaits environnementaux. En voici quelques-unes :
- choisissez des contenants faciles à nettoyer (surtout pour l’achat des produits alimentaires) ;
- utilisez des contenants réutilisables longtemps (en verre par exemple) ;
- réutilisez le plus de fois possibles les contenants moins « durables », en carton ou les sacs en tissu par exemple ;
- ne remplissez pas de sacs avant de les abandonner dans les rayons et respectez les consignes de service en veillant à ne rien renverser par maladresse, pour éviter toutes pertes de produits ;
- à la maison, conservez les produits alimentaires dans des contenants adaptés (hermétiques, à l’abri de la chaleur, de l’humidité et de la lumière).
Autre enseignement de l’étude : les produits en vrac sont plus exposés aux risques sanitaires car ils ne sont pas protégés par un emballage, ce qui nécessiterait la mise en œuvre de moyens de stockage et de distribution assurant cette protection. Mais aussi l'application de précautions côté consommateur tant en ce qui concerne les pratiques d’achat que les méthodes de conservation des produits chez soi.
Le vrac est-il plus ou moins onéreux que la vente de produits préemballés ?
Ne pas acheter plus que ce dont j’ai réellement besoin : c’est la principale raison évoquée par les consommateurs (à hauteur de 37 %) attirés par le vrac. Moins de gaspillage alimentaire et donc des économies à la clé ? C’est en tout cas le calcul fait par les Français. Sauf que les faits ne permettent pas aujourd’hui de confirmer cet avantage économique supposé. Pour en avoir le cœur net, l’Institut National de la Consommation et l’ADEME ont mené une étude comparative des prix de différents produits vendus en vrac par rapport à leurs versions préemballées à partir de relevés dans plus de 500 points de vente mais aussi d'entretiens avec des professionnels de la distribution de produits.
Concrètement, l’étude montre que le bio domine largement dans le panel des produits vendus aujourd’hui en vrac. En ce qui concerne ce type de produits, le vrac est de 4 % à 22 % moins cher que le préemballé. Ce constat s’inverse dès lors que l’on compare des produits dits conventionnels, c’est-à-dire non bio. Cela étant dit, avec le développement de l’offre de vente en vrac par les marques des distributeurs, les prix devraient baisser sur de nombreux produits conventionnels.