Beaucoup de bénéfices à la clé
En supprimant les fuites d’air, vous allez réduire vos factures de chauffage (gain de 16 à 20 kWh/m²/an) et améliorer votre confort : pas de courant d’air désagréable, moins de bruit provenant de l’extérieur, moins d’odeur de l’extérieur.
En améliorant le fonctionnement de la ventilation, vous évitez le développement de moisissures ou l’infiltration de polluants (fibres, poussières, composés organiques volatils) dans le bâtiment. Un renouvellement d’air bien contrôlé est essentiel pour protéger la santé de toute la famille.
Une bonne étanchéité à l’air permet aussi de limiter les risques de condensation dans les parois et de maintenir la performance des isolants thermiques tout au long de la vie du bâtiment.
Comment estimer l’étanchéité à l’air dans un bâtiment existant ?
Dans les bâtiments existants, l’étanchéité à l’air est encore peu appréhendée au niveau des audits énergétiques alors que son amélioration peut être une stratégie efficace en rénovation.
C’est pourquoi, si vous souhaitez entreprendre des travaux de rénovation thermique, prévoyez de réaliser avant d’entamer les travaux un bilan sur le niveau d’étanchéité à l’air de l’enveloppe existante. Ce bilan peut être réalisé à l’occasion de l’audit énergétique.
Comment se renouvelle l’air dans un bâtiment étanche ?
On entend souvent : « il n’y a plus du tout d’air qui va entrer avec ces calfeutrements, on a une impression de confinement ». Cette confusion vient d’une mauvaise compréhension du fonctionnement de la ventilation.
En effet, il est indispensable d’amener de l’air neuf dans un logement afin de maintenir une bonne qualité d’air intérieur. Pour cela, on peut recourir à une VMC simple ou double flux.
En réalité, plus le bâtiment est étanche à l’air et plus les flux de ventilation sont maîtrisés et correspondent aux prévisions de performance des bureaux d’études et des fabricants. Le rendement des échangeurs double flux avec récupération de chaleur se trouve optimisé.
Un bâtiment très isolé est-il forcément un bâtiment performant ?
L’épaisseur seule de l’isolant des parois (murs, toiture, plancher bas) n’est pas suffisante pour garantir son efficacité.
Trois facteurs sont indissociables :
- l’isolant doit se trouver dans un environnement sec, la présence d’humidité rendant le matériau plus conducteur ;
- l’isolant doit se trouver dans un environnement sans courant d’air, le principe de l’isolation étant d’emprisonner de l’air immobile ;
- la pose de l’isolant doit être continue sur l’ensemble du volume chauffé pour éviter la formation de ponts thermiques structurels, vecteurs de dégradation du bâti.
Pour réunir les deux premières conditions, l’étanchéité à l’air de l’enveloppe est indispensable en complément de la couche d’isolation. Ce sont rarement les mêmes matériaux qui réalisent ces deux fonctions.
Un bâtiment perspirant est-il un bâtiment non étanche à l’air ?
Une paroi perspirante ne modifie en rien l’exigence en termes d’étanchéité à l’air. Bien que la paroi soit étanche à l’air, une migration de la vapeur d’eau (par diffusion) a lieu entre l’intérieur et l’extérieur du bâtiment, en fonction des caractéristiques des matériaux et des conditions de climat intérieur et extérieur.
Une enveloppe étanche à l’air et perspirante pourrait être comparée à une veste en matière Gore-Tex® : une couche isolante, une couche étanche à l’air pour se protéger du vent, et une matière permettant l’évacuation de la transpiration.
Pour autant, un système de ventilation équivalent à la respiration humaine reste indispensable même dans un bâtiment perspirant pour évacuer le CO2, les polluants et la vapeur d’eau en excès.
En pratique, quelles opérations sont effectuées par les professionnels ?
Étape 1 : définir le volume chauffé et étanche à l’air
Cette étape implique de repérer les locaux non chauffés tels que garage, locaux techniques, palier, parties communes, etc. et d’appréhender au cas par cas l’impact sur l’étanchéité à l’air.
Lors d’une rénovation ou d’une extension, il faut prendre le temps de regarder les modifications sur le plan d’étanchéité à l’air que ces actions de rénovation ou d’extension impliquent.
Par exemple si le souhait est d’aménager des combles perdus dans une maison individuelle, le plan d’étanchéité à l’air situé auparavant au niveau du plafond isolé (trait plein), va être déplacé en rampant sous toiture (trait pointillé). De nouvelles jonctions sont alors à mettre en œuvre entre la toiture et les parois verticales afin de conserver la continuité de l’étanchéité à l’air.
Étape 2 : identifier les liaisons complexes selon les modes constructifs
Le système d’étanchéité à l’air continu défini à l’étape précédente est constitué de différents matériaux liaisonnés entre eux. Par exemple, dans le cas d’utilisation de maçonnerie en blocs (parpaing, brique, béton cellulaire, monomur, etc.), le matériau et les jonctions ne sont pas suffisamment étanches à l’air. Il est donc nécessaire de travailler avec l’ajout d’un enduit/revêtement technique ou d’une membrane d’étanchéité afin d’obtenir un résultat pérenne.
Pour le toit, que l’isolation soit placée sous rampant ou en plafond (combles aménagés ou pas), le plan d’étanchéité à l’air sera généralement réalisé par une membrane pare ou frein-vapeur (positionnée côté chaud de l’isolant). Un espace devra être aménagé pour le passage des fluides s’apparentant davantage par ses dimensions à un plénum plutôt qu’un vide technique, compte tenu du type d’appareillage : spots encastrés, conduits de ventilation, etc.
Les différents plans d’étanchéité à l’air définis précédemment sont à jointoyer entre eux de manière continue. Par exemple la membrane d’une toiture en charpente bois sera liaisonnée à un enduit sur maçonnerie, ou encore à une autre membrane en ossature bois. Ces interfaces entre plusieurs matériaux sont en général les points les plus sensibles du plan d’étanchéité à l’air.
En rénovation, deux cas de figure sont courants :
- la ré-isolation par l’intérieur (bâtiments historiques classés par exemple)
Thermiquement, l’isolation par l’intérieur sera moins satisfaisante vis-à-vis des ponts thermiques qui devront être traités attentivement pour éviter tout désordre au droit des refends. Par contre, il sera plus simple d’intervenir durablement sur l’étanchéité à l’air logement par logement et d’assurer un bon raccordement aux nouvelles menuiseries si elles sont posées en applique intérieure ; - la ré-isolation par l’extérieur (petit collectif en bloc maçonnerie des années 60) à condition que les isolants soient protégés des intempéries lors de la mise en œuvre et que le risque de condensation soit vérifié. Par contre, en logements occupés avec maintien des revêtements intérieurs existants, l’étanchéité à l’air sera plus complexe à mettre en œuvre. En effet, celle-ci sera en partie réalisée par l’enduit extérieur sur les blocs maçonnerie et en partie par les revêtements intérieurs plâtre ce qui induit des discontinuités ponctuelles.
Étape 3 : focaliser sur les paramètres influents (choix et pose) des menuiseries
Lorsque l’on parle d’infiltration d’air, les menuiseries sont souvent incriminées en premier lieu. Il est important d’en distinguer la cause : il peut s’agir du composant lui-même, de sa liaison avec la paroi ou des deux.
L’ouverture par l’intérieur d’un volet roulant standard présente régulièrement des risques d’infiltration d’air. Placer le coffre de volet roulant côté extérieur du plan d’étanchéité à l’air diminuera à la fois les risques d’infiltration d’air et de pont thermique dans le bâtiment.
Sur le choix de la menuiserie, l’indicateur « A » du classement AEV (certifié CSTB) est une première information concernant son étanchéité à l’air. Plus le chiffre sera élevé (de 1 à 4) meilleure sera la performance.
Étape 4 : représenter le cheminement des fluides
Les passages des tuyauteries et des équipements électriques sont les fuites relevées le plus fréquemment dans les bâtiments.
Le premier principe est de chercher à localiser les pièces techniques dans le volume chauffé dans les cas où la réglementation le permet (des normes existent pour les chaudières à gaz par exemple). Ainsi de nombreuses traversées sont évitées au travers du plan d’étanchéité à l’air.
On peut également utiliser un vide technique et plénum. Selon l’épaisseur, le vide technique permet de passer une partie des fluides (électricité, ventilation) dans le volume étanche et chauffé, sans endommager le plan d’étanchéité à l’air. Il doit également être isolé ce qui améliore la performance thermique des parois.
Comment s’assurer que les entreprises impliquées dans la rénovation prendront bien en compte le plan d’étanchéité à l’air ?
La réalisation d’un cahier spécifique « étanchéité à l’air » remis à l’ensemble des entreprises permet d’insister lors du dossier de consultation des entreprises (DCE) sur le fait que l’atteinte de la performance étanchéité à l’air est liée d’abord à un travail d’interface entre entreprises et pas uniquement à une action spécifique.
Assurer la continuité de l’étanchéité à l’air est un travail tout autant technique qu’humain qui repose :
- sur les interfaces entre matériaux, entre différents plans et entre corps d’état ;
- sur le maintien de la performance tout au long du chantier : certains mettent en place le plan d’étanchéité à l’air, d’autres veilleront à ne pas le dégrader ou le restituer intact en cas de percement.
Dans le cadre d’une démarche qualité, un test d’étanchéité à l’air peut être réalisé (il est obligatoire pour les constructions neuves) avant des travaux de rénovation et en cours de chantier, lorsque le bâtiment est hors d’eau - hors d’air, afin d’effectuer une recherche des fuites d’air et d’appliquer des corrections nécessaires par la suite.