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Parfums d’intérieur, pas sans danger pour la santé

Depuis plusieurs années, le marché des désodorisants d’intérieur est en pleine croissance. Tout comme celui des huiles essentielles. Respirer leur parfum est-il bon pour la qualité de l’air intérieur ? Deux études récentes permettent de faire le point.

25 octobre 2021

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Les désodorisants « non combustibles » au banc d’essai

Si une précédente étude de l’ADEME a d’ores et déjà montré que les désodorisants combustibles (bougies, encens…) émettaient des polluants (benzène, formaldéhyde, particules fines…) préjudiciables pour la santé des occupants (risques d’irritations des voies respiratoires…) et que des effets sanitaires à long terme (augmentation du risque de cancer) étaient même possibles pour les utilisateurs intensifs, on connaissait encore mal les impacts des désodorisants qui ne brûlent pas :  vaporisateurs, gels diffuseurs, mèches et bâtonnets imbibés de parfum liquide ou autres diffuseurs automatiques…



Grâce à un projet de recherche mené par la Direction Santé Confort du Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB), le Laboratoire Chimie Environnement d’Aix-Marseille Université et la Direction des Risques Chroniques de l’Institut national de l'environnement industriel et des risques (Ineris), on y voit désormais plus clair. Testés en laboratoire puis in situ dans un environnement-test, reproduisant les conditions d’émissions au sein d’une maison, 15 produits passés au crible ont livré des enseignements précieux.



Premier constat, les indications figurant sur les étiquettes des diffuseurs de parfums étudiés sont souvent incomplètes par rapport aux résultats obtenus en laboratoire et ne permettent donc pas de savoir ce qui sera réellement émis dans l’air intérieur lors de l’utilisation desdits produits.

Pourquoi il est nécessaire de limiter notre exposition

Second constat : 28 % des substances détectées dans le cadre de cette étude ont une valeur de toxicité permettant leur prise en compte dans l’évaluation des risques sanitaires. Il apparait en ce sens prudent voire nécessaire de diminuer les expositions les plus chroniques et aiguës aux émissions de ces désodorisants (les sprays et aérosols notamment) dont certains émettent :

  • de l’acroléine, pouvant causer des problèmes respiratoires, des irritations nasales et de la gorge ;
  • du benzène, potentiellement cancérogène ;
  • du limonène, toxique pour le foie notamment ;
  • du formaldéhyde, irritant pour les yeux ;
  • des particules fines.

Il est en outre à noter que ces substances peuvent être également émises par d’autres sources : produits ménagers, meubles, encens, bougies, produits de bricolage… En se cumulant les unes les autres, elles n’en sont que plus dangereuses pour les occupants des logements. Il est donc fortement recommandé de limiter l’exposition des personnes vulnérables, tout particulièrement : les personnes asthmatiques, les enfants en bas-âge ou encore les femmes enceintes.



Enfin, il est apparu dans l’étude sur ces produits désodorisants que la première utilisation était plus émissive que les suivantes. Si vous décidez de recourir aux désodorisants d’intérieur « non combustibles », réservez la première utilisation de votre produit pour l’extérieur avant de l’utiliser à l’intérieur, de préférence dans une pièce spacieuse et disposant de bonnes solutions d’aération.

Les huiles essentielles : pas si essentielles que ça

Les huiles essentielles bénéficient elles aussi d’un effet de mode. Les citoyens, aujourd’hui, ont en effet tendance à percevoir comme sains les produits étiquetés « à base d’huiles essentielles » et pensent en conséquence qu’ils présentent peu de risques pour l’air intérieur ou pour la santé.



Pourtant, ces produits ménagers ne contribuent pas à assainir l’air intérieur comme on peut le penser… Si les huiles essentielles disposent de propriétés antibactériennes, elles peuvent aussi irriter les voies respiratoires ou causer des allergies. Comme le montre un projet de recherche, mené par le CSTB et l’IMT Nord Europe, elles émettent des composés organiques volatiles (des terpènes notamment) et réagissent au contact des oxydants de l’air intérieur pouvant provenir par exemple des éléments de construction ou de décoration de votre habitat (revêtement de sols, cloisons, isolants…). 

Bien que naturelles et issues de plantes, les huiles essentielles ne sont donc pas sans impact sur la qualité de l’air dans la maison, ni sans impact sur la santé. Qu'ils soient conventionnels ou porteurs d'un label environnemental, les produits parfumés à base d’huiles essentielles représentent bien une source majeure de Composés organiques volatils (COV).

 

Un étiquetage plus transparent et complet sur les propriétés des produits à base d’huiles essentielles serait un point de repère indispensable pour les consommateurs. Mais quoi qu’il en soit, comme pour les sprays et parfums d’intérieur, il reste hautement recommandé d’éviter une diffusion continue de ces produits dans le logement afin de limiter l’exposition des occupants.

Une maison saine, c’est une maison qui ne sent rien !

Une odeur agréable n’est pas nécessairement synonyme d’un air sain. Le propre n’a pas d’odeur. Pour assainir votre air durablement et limiter votre exposition à des émissions préjudiciables à votre santé, voici quelques conseils simples :

  • aérez et ventilez votre logement tous les jours, même en hiver ;
  • veillez à maintenir le taux d’humidité de votre logement entre 40 et 60 % et une température entre 18 et 22 °C ;
  • nettoyez le plus souvent possible sans produits chimiques mais en utilisant de la vapeur, des chiffons humides ou en microfibres. Pour les vitres et les sols, l’eau très chaude ou la vapeur suffisent la plupart du temps ;
  • limitez l’utilisation de désodorisants à l’intérieur de votre logement. Et si vous cédez à l’impulsion, effectuez la première utilisation à l’extérieur du logement ; 
  • si vous fabriquez vous-même vos produits ménagers, limitez le nombre d’ingrédients et les quantités d’huiles essentielles utilisées ;
  • en cas d’achat de produits ménagers, privilégiez ceux qui justifient d’un label environnemental ;
  • pour les produits à base d’huiles essentielles, préférez les diffuseurs transitoires pour éviter l’accumulation des COV terpéniques et limiter leur réactivité dans l’air intérieur (formation de polluants secondaires) ;
  • évitez de faire brûler de l’encens ou des bougies parfumées.

Enfin, restez prudent à l’égard des allégations vantant les qualités assainissantes portées sur les désodorisants, y compris lorsqu’ils sont vendus en pharmacie.