Un peu d’histoire
Entre 1960 et 1973, la croissance de la demande d’énergie est étroitement liée à la croissance économique. Le pétrole, en plein essor, permet de faire face à la fois au développement industriel et au déclin du charbon.
Entre 1973 et jusqu’à la fin des années 1980, les hausses de prix lors des « chocs pétroliers » questionnent les choix énergétiques. La France fait alors le choix de produire toute son électricité ou presque grâce à l’énergie nucléaire. 58 réacteurs sont construits partout en France, ce qui incite à consommer plus d’électricité. Pendant cette même période, les consommations d’énergie continuent à augmenter fortement bien que les pouvoirs publics encouragent les citoyens et les entreprises à économiser davantage l’énergie. Les énergies renouvelables commencent timidement à se développer mais sans connaître un essor important.
Depuis les années 90, la crise climatique, la facture énergétique et le souhait d’indépendance énergétique de la France remettent en cause de nos manières de produire et de consommer l’énergie.
Depuis le milieu des années 2000, la consommation d'énergie tend à baisser légèrement en France. Après une croissance quasi continue entre 1990 et 2001, cette consommation s’est ensuite infléchie (- 0,3 % en moyenne annuelle entre 2001 et 2019).
En France, la gestion de l’énergie a longtemps été sous contrôle de l’État : activités pétrolières, charbonnage, gaz, électricité, nucléaire… Son désengagement, commencé dans les années 1990, se poursuit activement à travers la libéralisation des marchés de l’électricité et du gaz ouverts à la concurrence depuis 2000, conformément aux directives européennes. Aujourd’hui, l’implication des territoires est de plus en plus marquée dans le domaine de l’énergie.
Où en sommes-nous en 2022 ?
L’énergie que nous utilisons provient encore principalement des énergies fossiles et assez peu des énergies renouvelables (un peu plus de 19 %) mais leur part devrait doubler d’ici à 2030 grâce au développement de l’énergie solaire photovoltaïque, de l’éolien et de la chaleur renouvelable.
En France, les gisements de pétrole et de gaz conventionnel sont limités et en cours d’épuisement. L’exploitation du charbon est économiquement déficitaire et a été abandonnée. Il n’y a plus de mine d’uranium en activité. L’exploitation des gaz de schiste n’a pas été mise en œuvre suite aux débats quant à son impact sur l’environnement.
La France importe donc 98,5 % de son pétrole (Afrique, pays de l’ex-URSS, Moyen-Orient, Mer du Nord), 98 % de son gaz naturel (Norvège, Pays-Bas, Algérie, Russie), tout son charbon (Australie, États-Unis, Afrique du Sud, Colombie) et tout son uranium (Australie, Canada, Gabon, Niger, Russie).
Le bouquet énergétique primaire réel de la France se compose actuellement de 40 % de nucléaire, 28 % de pétrole, 16 % de gaz naturel, 14 % d’énergies renouvelables et déchets et 2 % de charbon. Le bois-énergie, qui représente la quasi-totalité de la biomasse solide, demeure la première source d’énergie renouvelable consommée en France, loin devant l’électricité d’origine hydraulique. Son principal usage est le chauffage.
Une transition énergétique indispensable
Pour faire face aux crises climatiques et énergétiques, la France s’est fixé l’objectif ambitieux de devenir neutre en carbone d’ici 2050 c’est-à-dire de ne pas émettre plus de carbone que la capacité d’absorption du carbone sur le territoire national.
Pour atteindre cet objectif, il est important de réduire nos consommations d’énergie à travers la sobriété et l’efficacité énergétique, de limiter notre dépendance aux énergies fossiles et de développer les énergies renouvelables.
Encourager les transports peu polluants
Plusieurs pistes existent : transport des marchandises réorienté sur le transport fluvial, ferroviaire ou maritime (cabotage en particulier), prise en compte dans l’élaboration des documents d’urbanisme des enjeux liés au transport (développement des transports en commun, lutte contre l’étalement urbain, etc.), multiplication des plans de déplacement urbains…
Pour diminuer la dépendance aux véhicules personnels, de nouvelles offres de mobilité, flottes de véhicules en partage ou transports collectifs plus étendus et plus rapides se développent avec des aides financières pour les ménages. De nouveaux types de véhicules urbains, peu consommateurs et peu polluants, construits avec des matériaux recyclables, de petite taille, sont déjà disponibles.
Se déplacer autrement
Les collectivités s'organisent pour favoriser la mobilité active de leurs habitants en créant des pistes cyclables, des espaces piétonniers... La marche, le vélo, la trottinette deviennent ainsi des moyens de transports attractifs qui permettent de se déplacer en ville et sur de petits trajets sans polluer.
Les 3/4 de nos trajets domicile-travail s’effectuent en voiture, le plus souvent seul. Pollution, émissions de gaz à effet de serre, embouteillages, stress... Pour encourager les salariés à se rendre au travail autrement qu'en voiture personnelle, certains employeurs propose un forfait "mobilités durables" qui peut aller jusqu’à 600 €/an pour les vélos électriques ou mécaniques, véhicules partagés, moyens de transport en location longue durée ou en « free floating ».
Pour comparer l'impact de plusieurs modes de déplacement sur une même distance, utilisez notre simulateur
monimpacttransport.fr
Favoriser le télétravail pour limiter les déplacements
Les trajets domicile-travail représentent 30 % du trafic routier. Réduire les trajets pendulaires permet de limiter les dépenses de carburants des ménages et de limiter les pollutions.
Rénover pour limiter la consommation d’énergie des bâtiments
Concevoir des bâtiments économes, utiliser des équipements performants (chauffage au bois, pompe à chaleur aérothermique ou géothermique, chauffe-eau solaire, panneaux photovoltaïque…) et davantage les énergies renouvelables, limiter l’emploi de la climatisation, éviter de suréquiper les logements en appareils électriques et électroniques : le potentiel d’économies est important.
La rénovation des bâtiments est un enjeu essentiel en France (le parc de bâtiments mettant en moyenne environ 100 ans pour se renouveler complètement) car la construction de nouveaux bâtiments très performants ne permettra pas seule de réduire les besoins d’énergie du secteur. Améliorer l’isolation des bâtiments permet de réduire les besoins de chauffage et améliorer le confort des habitants. Des aides publiques accompagnent les particuliers qui entreprennent des travaux de rénovation de leurs logements.
Dans notre pays, de nombreux logements sont chauffés à l’électricité. La demande d’électricité est donc beaucoup plus importante en hiver, surtout lors de vagues de froid, avec des pics en début de soirée. Pour faire face aux variations de la demande d’électricité ou des installations de production, il faut mettre en route des centrales hydrauliques mais aussi thermiques au gaz ou au charbon, fortement émettrices de CO2. Elles complètent la production nucléaire, qui ne peut pas être accrue dans certains types de situation : d’une part, si la production maximale du nucléaire est atteinte (pointes majeures en hiver), d’autre part si la demande augmente de façon imprévue.
Poursuivre les économies d’énergie dans l’industrie
Les industries très consommatrices d’énergie (aluminium, ciment, papier et cartons, verre, etc.) sont intéressées par l’amélioration de leur efficacité énergétique. Elles sont également incitées par les pouvoirs publics à le faire pour diminuer leurs émissions de gaz à effet de serre, par exemple par la mise en place de quotas d’émissions de CO2 échangeables ou l’obligation de réaliser un bilan des émissions de gaz à effet de serre pour les entreprises de plus de 500 salariés. De façon générale, les entreprises ont, depuis une vingtaine d’années, diminué leur consommation énergétique pour améliorer leur compétitivité et continuent dans cette voie.
Accompagner le secteur de l’agriculture
Le potentiel d’économies d’énergie et de production par des sources renouvelables y est élevé. De nouvelles pratiques agricoles permettent de moins consommer d’énergie et de limiter le recours aux engrais, dont la production est très consommatrice d’énergies fossiles.
Développer les énergies renouvelables
Le recours aux énergies renouvelables produit moins de gaz à effet de serre et de polluants que les énergies fossiles et ne produit pas de déchets nucléaires. On peut les utiliser pour produire de l’électricité, de la chaleur ou des carburants. Elles sont disponibles partout sur le territoire français.
Quand elles sont produites au plus près du consommateur ou même chez lui (par exemple à l’aide de capteurs solaires thermiques sur une maison ou un immeuble), les risques de rupture d’approvisionnement et les pertes lors du transport d’énergie sont limités.
Elles génèrent des activités créatrices d’emplois (consultez notre infographie « Combien d'emploi grâce à la transition écologique ? » ) qui ne peuvent pas être délocalisées.
Tour d’horizon du potentiel de la France
Le bois énergie est notre première ressource renouvelable nationale. Il représente 40 % des énergies renouvelables utilisées aujourd’hui en France. Le chauffage domestique au bois est toujours un secteur dynamique grâce à la modernisation des moyens de chauffage (poêle à bois, poêle à granulés).
Le bois est également de plus en plus utilisé pour alimenter de grandes chaufferies industrielles ou alimentant des réseaux de chaleur urbains. Le bois représente encore un très fort potentiel de développement en France, dans le respect d’une exploitation durable des forêts. La surface forestière de la France, qui a doublé depuis 1850, est au troisième rang en Europe derrière celles de la Suède et de la Finlande.
Pour que cette énergie soit « renouvelable », le développement attendu de la récolte de bois en forêt doit nécessairement s’appuyer sur des pratiques de gestion durable qui préservent la biodiversité, la qualité des sols et plus globalement l’équilibre des écosystèmes.
De façon plus large, la biomasse permet également de produire d’autres énergies renouvelables comme le biogaz issu de la méthanisation des déchets biodégradables ou les biocarburants.
L’hydraulique est notre deuxième source d’énergie pour produire de l’électricité après le nucléaire. Les sites favorables aux grands barrages sont aujourd’hui largement équipés, même si certains aménagements pour en augmenter la capacité sont envisageables.
Le petit hydraulique peut encore se développer, à condition de maîtriser son impact sur l’environnement.
L’énergie des marées n’est exploitée que dans l’usine marémotrice de la Rance.
La France dispose d’un potentiel de développement éolien encore très important en France avec le deuxième gisement d’Europe (production terrestre et off-shore). L’éolien est aujourd’hui une technologie mature, compétitive et fiable. Chaque éolienne produit environ autant d’électricité que la consommation de 1500 foyers (hors chauffage et eau chaude sanitaire).
L'énergie solaire est disponible partout sur le territoire. Les installations photovoltaïques sont modulaires et peuvent équiper des bâtiments ou constituer de grandes centrales au sol. Si la part du photovoltaïque dans le mix électrique est encore faible, cette filière est dans une dynamique très positive. C’est aujourd’hui une technologie mature, compétitive et fiable avec un potentiel de développement encore très important en France.
La géothermie profonde pour le chauffage urbain est exploitable dans certaines zones favorables, en particulier les bassins parisien et aquitain. La géothermie de surface, pour le chauffage et la climatisation, est exploitable quasiment partout sur le territoire.
Pour aller plus loin
Poursuivez votre lecture avec ces quelques ressources utiles :
- Dossier MtaTerre - Sur la route de l'électricité
- Page - Les chiffres clés des énergies renouvelables du DATALAB
- Test - Connaissez-vous votre empreinte sur le climat ?