Changement climatique
Les effets du réchauffement - sécheresses, inondations, tempêtes, canicules, feux de forêts… se manifestent déjà dans certains territoires, qui doivent en gérer les conséquences socioéconomiques. Pour les communes, y compris celles qui se sentent encore à l’abri face à ces phénomènes extrêmes, il est temps de prendre les devants et de se préparer.
Pourquoi est-il important de se préparer aux conséquences de l’évolution du climat ?
Le climat change et c’est aujourd’hui une certitude que les conditions climatiques vont profondément se transformer au cours du XXIe siècle, sous l’effet de l’accélération du réchauffement de la planète. Les conditions de vie des Français en seront bouleversées, tant les impacts sur l’environnement, les ressources naturelles et agricoles, les activités économiques et la santé sont importants.
Canicule, tempête, inondation, pénurie d’eau, feux de forêts, recul des côtes littorales… chacun peut d’ores et déjà en mesurer les effets. Il s’agit désormais pour les collectivités de s’organiser. Et de penser les projets d’aménagements, les investissements et les activités à long terme. Réagir au changement climatique, ce n’est pas seulement protéger ses habitants, c’est aussi poursuivre la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre pour atténuer au maximum le changement climatique futur, pour le bien de tous.
Chiffres clés pour comprendre
+50 % c'est l'augmentation de la fréquence des canicules à l'horizon 2050 Source : ADEME Source :
2/3 des surfaces construites sont imperméabilisées Source : CITEPA Source :
+2,5 à 3,5 °C c'est la progression de la température moyenne en France en 2050 par rapport à 1985 Source : ADEME Source :
+20 à +60 cm c'est la hausse estimée du niveau des mers en 2050 par rapport à 2015 Source : ADEME Source :
Comment faire pour adapter mon territoire au changement climatique ?
S’adapter au changement climatique demande une vision à long terme
On lance une phase de diagnostic pour connaître la vulnérabilité de son territoire aux conséquences potentielles du changement climatique. À partir de ces résultats, on élabore une stratégie et on imagine les actions pertinentes à déployer, leur ampleur mais aussi leur rythme.
On définit un nouveau cadre de travail pour discuter des manières d’aborder ce défi et favoriser l’appropriation de ce processus par les habitants.
On peut commencer par des actions dites « sans regret », gagnantes à tous les coups et de nature à impulser cette transition.
On lutte contre la surchauffe urbaine sans recourir à la climatisation
Dans la conception des bâtiments ou leur rénovation, on privilégie l’isolation thermique. On se tourne vers d’autres techniques permettant de rafraîchir et de ventiler de façon naturelle : puits provençal, protections solaires, revêtement des toitures et des chaussées… Contre les îlots de chaleur urbains, on impose plus de nature, en remplaçant le béton par des matériaux perméables ou de la terre, en donnant plus de place aux espaces verts et aux plans d’eau.
L’eau deviendra un bien encore plus précieux
On préserve cette ressource en l’économisant. Cela veut dire réhabiliter les infrastructures, changer les comportements pour diminuer la consommation, récupérer les eaux de pluie pour des usages de nettoyage ou d’arrosage.
On se protège des risques d’inondation ou de raz de marée
L’infiltration de l’eau dans les sols est favorisée par la désimperméabilisation de certains espaces : on dégoudronne les cours d’école et les parkings, on remet de la nature sur les berges aménagées des rivières… En bord de mer ou de fleuve, on établit une zone tampon en transformant, par exemple, la culture agricole des polders en pâturage ou espace de randonnée.
Il faut anticiper que certaines activités économiques pâtiront du réchauffement climatique, à l’instar des sports d’hiver en moyenne montagne
Réorienter l’offre touristique et mettre en avant d’autres atouts du territoire sont des pistes à explorer pour diversifier l’activité. Il en va de même pour la production agricole, qui peut être plus ou moins touchée selon les territoires.
Engager l’action pour adapter mon territoire au changement climatique
En premier lieu, vous devez réaliser une analyse de la vulnérabilité du territoire aux effets du changement climatique. Ce diagnostic est un des éléments – prévus par décret – du Plan climat-air-énergie territorial (PCAET). Il est obligatoire dans les intercommunalités et villes de plus de 20 000 habitants depuis 2019.
Il ne s’agit cependant pas de mener des actions pour s’adapter au changement climatique uniquement par obligation réglementaire mais d’avancer avec l’ambition de devenir un territoire robuste face aux impacts présents et à venir. Certaines mesures doivent être prises de façon urgente, d’autres peuvent être anticipées, en cohérence avec les décisions d’aménagement du territoire.
À partir du diagnostic, partagé avec les acteurs locaux (agriculture, tourisme…), vous construisez une stratégie, qui définit une trajectoire d’adaptation. Elle fait partie intégrante du PCAET, dont elle est un volet. Elle irrigue de façon transversale la politique du territoire.
La démarche TACCT (Trajectoires d’adaptation au changement climatique des territoires) vous aide à structurer la réflexion, en proposant une méthode en trois étapes pour repérer les impacts du réchauffement sur les activités économiques, identifier les priorités à traiter dans un plan d’action, élaborer des indicateurs de suivi. Ceux-ci sont un point d’appui pour évaluer la stratégie, et la corriger au besoin.
Élu(e), je peux...
- Établir un diagnostic de vulnérabilité afin de porter à la connaissance de tous l’exposition de mon territoire à l’aléa climatique.
- Bannir la climatisation dans les futures constructions en optant pour des solutions naturelles de rafraichissement et de ventilation.
- Végétaliser les bâtiments et les espaces urbains : plantations ponctuelles d’arbres, toitures et façades végétalisées, dalles végétalisées…
- Préserver la ressource en eau grâce à un plan de réduction des pertes et de maîtrise de la consommation.
- Lutter contre les inondations en rendant à la nature certains sols imperméabilisés du territoire.
Convaincre mon territoire
- Les phénomènes climatiques extrêmes affectent profondément les infrastructures et les populations d’un territoire.
- Mettre en avant quelques exemples permet une prise de conscience. Un recul de la côte sous la progression de la mer ? Ce sont des routes à déplacer. Plusieurs jours de canicule ? Ce sont des services hospitaliers d’urgence qui sont débordés. Une sécheresse ? Ce sont des productions agricoles en péril. En prenant des mesures pour se préparer aux conséquences du réchauffement, vous pouvez réduire l’impact de ces coûts socioéconomiques à l’avenir.
- Se mettre dans une trajectoire d’adaptation au changement climatique, ce n’est pas mener un projet de plus. C’est une approche transversale pour engager la transformation du territoire, qui s’intègre dans le PCAET.
- En végétalisant certains quartiers, en prenant en compte le confort d’été lors de la rénovation des logements, en faisant des économies d’eau, les collectivités font déjà de l’adaptation ! Le pas de plus, c’est de prioriser les actions dans une stratégie globale.
Commune d’Occitanie - 3 500 habitants
Exposée au risque de ruissellement en particulier lors de violents orages l’été, aménage un « jardin de pluie » dans une aire de jeux.
Autour des trois bassins destinés à recueillir le trop-plein de fortes averses et faciliter son évacuation, arbres et arbustes aimant l’humidité sont plantés. Outre la sécurisation du quartier contre les inondations, ce projet améliore le cadre de vie des habitants, tout en participant à la préservation de la biodiversité.
Station balnéaire de Nouvelle-Aquitaine - 4 600 habitants l’hiver 80 000 l’été
Mise en œuvre d’un grand programme pour assurer l’alimentation en eau potable, alors que sa population continue de croître et que les sécheresses sont plus fréquentes.
Il vise à économiser 1,6 million de m3 d’eau par an, « du captage au robinet ». Des investissements ont été réalisés pour améliorer le rendement des usines de production et l’efficacité des réseaux de distribution. Des actions ont permis de sensibiliser les « gros » consommateurs – entreprises, commerçants, services municipaux – en donnant des pistes concrètes d’économies.
Grande ville de Bretagne - 466 000 habitants
L’économie touristique est menacée par la montée du niveau de la mer qui érode la côte.
La municipalité a lancé une vaste réflexion sur une possible relocalisation des activités et des biens. Celle-ci combine étude sociologique auprès de la population, définition d’un périmètre de vulnérabilité pour encadrer le développement urbain, diagnostic sur les ouvrages nécessaires pour sécuriser le site jusqu’en 2040. Plusieurs scénarios de transfert et de renaturalisation de la dune sont proposés, pour passer de la contrainte à un projet concerté et partagé par les habitants.
Commune en Île-de-France - 52 000 habitants
Construction d’une école primaire de 300 élèves équipée pour faire face aux vagues de chaleur.
Débordement de toiture et brise-soleil, terrasse végétalisée, ventilation naturelle, isolation étanche à l’air en période de chauffe, le bâtiment a été conçu pour ne pas recourir à la climatisation, tout en offrant un confort thermique aux élèves et personnels. Lesquels ont été formés à quelques éco-gestes (garder portes et fenêtres fermées, éteindre les lumières…).
Concrétiser et financer
Retombées attendues
- une qualité de vie améliorée
- du bien-être grâce à la nature en ville
- moins de décès dans les catastrophes naturelles
- moins de coûts de reconstruction
- moins de pertes d’emploi
Budget
L'ADEME et ses directions régionales lancent régulièrement des appels à projets et/ou des appels à manifestation d'intérêt, retrouvez toutes nos subventions.
Pour les collectivités engagées dans le programme Territoire Engagé Transition Écologique, l’ADEME peut financer jusqu'à 70 % le recours à un conseiller agréé.
Les six agences françaises de l’eau disposent d’un budget pour soutenir la mise en œuvre d’actions visant à prévenir les inondations.
Contacts & données
Les directions régionales de l’ADEME.
Des réseaux d’expertise en région accompagnent le transfert de connaissances et viennent en appui aux décideurs locaux. Citons parmi eux : l’ORCAE en Auvergne-Rhône-Alpes ; le GREC SUD en Provence-Alpes Côte d’Azur ; le RECO en Occitanie.
Les observatoires régionaux climat-air-énergie proposent des outils d’analyse pour aider à l’essor des projets territoriaux.
Les « spécialistes » mobilisés sur le PCAET : les bureaux d’étude ; le Centre d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (Cerema) ; les syndicats de l’énergie.
Le centre de ressources pour l’adaptation au changement climatique portée par le Cerema met à disposition des ressources.