Livraison plus durable des marchandises
Alors que les activités logistiques contribuent à la pollution de l’air, au bruit, aux embouteillages, il est urgent que les collectivités accompagnent la transition écologique du secteur, tout en assurant sa compétitivité économique.
Pourquoi est-il important d’améliorer le transport des marchandises dans mon territoire ?
Qu’il s’agisse de livrer les commerces ou les particuliers, la livraison est devenue un élément central d’organisation des transports. Source de facilité et de gain de temps pour les particuliers ou synonyme de gains de place pour les commerçants qui peuvent réduire les stocks, elle participe au dynamisme et à la vitalité de mon territoire mais a également d’importantes conséquences négatives : pollution atmosphérique, émissions de gaz à effet de serre, consommation d’énergie fossile, bruit, accidents, encombrement des rues, etc.
Le développement de nouveaux modes de consommation, notamment du e-commerce, entraîne une inflation des flux de marchandises, et donc du transport. Il faut repenser cette activité centrale au cœur d’une ville :
- réduire son impact sur l’environnement et la santé
- améliorer le cadre de vie des citadins
- proposer un autre cadre réglementaire sur la circulation en ville
- accompagner la création d’infrastructures logistiques appropriées
Les municipalités doivent s’emparer de la problématique des livraisons.
Chiffres clés pour comprendre
86 % des transports de marchandises se font par la route en France Source : ADEME Source :
25 % du CO2 émis en ville est dû au transport de marchandises Source : ADEME Source :
50 % du diesel consommé en ville est utilisé pour des livraisons Source : ADEME Source :
1 fois sur 2 le livreur d'un achat fait par un particulier sur internet trouve porte close Source : ADEME Source :
Comment faire pour développer une livraison plus durable des marchandises ?
Au préalable, on réalise un état des lieux
La cartographie des flux de marchandises - quantité, nature, type de véhicules utilisé, professionnels concernés - est nécessaire pour une bonne compréhension du sujet sur son territoire. On mène une concertation avec les différents acteurs : transporteurs, clients chargeurs, commerçants et citoyens.
L’accès au centre-ville et la gestion du stationnement
Ce sont deux prérogatives intéressantes des territoires pour changer la donne. On limite les livraisons aux heures de pointe ou on les encourage tôt le matin ou tard le soir en mode silencieux. Des aires sont réservées pour le déchargement de marchandises à certaines périodes de la journée, et ouvertes aux particuliers le reste du temps.
On favorise les pratiques alternatives de transport
Des vélos cargos, des triporteurs, des tricycles électriques, on sensibilise les entreprises sur l’enjeu du « dernier kilomètre » et on les incite fortement à utiliser des véhicules à faibles émissions : horaires dédiés, places prioritaires pour se garer, possibilité d’emprunter des voies réservées…
Et pourquoi pas expérimenter la livraison à triporteur ?
Ou envisager de recourir à la voie navigable qui traverse ma commune ? Ou emprunter une ancienne voie ferrée ? Ou dédier une partie de rame de tram hors horaires de pointe pour transporter des colis de la périphérie au centre-ville ?
On accompagne la création de centres de distribution urbains
Sur des friches industrielles, à proximité de gares, dans des parkings souterrains dès leur construction… on mobilise du foncier. Le but ? Permettre aux transporteurs « classiques » de s’approcher du cœur de ville sans y entrer. On favorise ensuite l’émergence d’un système propre de livraison sur le « dernier kilomètre ».
Engager l’action vers une logistique durable sur mon territoire
La connaissance du système logistique et la compréhension de ses enjeux – par exemple, les conséquences du e-commerce – sont des préalables indispensables. Vous (et vos services techniques) vous familiarisez avec le sujet, grâce aux études disponibles ou en suivant des ateliers de formation.
Une fois ce « test de maturité » effectué, il est temps de passer à la phase diagnostic, qui cartographie les principales données sur la commune : pôles consommateurs de flux, nombre de camions passant, places de stationnement existantes pour les livraisons, etc. Les axes de progrès, qui s’en dégagent, sont de trois ordres.
Le premier axe relève de la planification : vous intégrez le transport de marchandises dans le Plan local d’urbanisme (PLU), en réservant du foncier pour la logistique par exemple.
Le second a trait au pouvoir de réglementation des élus. Vous pouvez réglementer la circulation en fonction de la pollution des véhicules, en créant une « Zone à faible émission », en modifiant les horaires de livraison, et ainsi encourager l’accès des opérateurs disposant de moyens de transport alternatifs (hybrides, électriques, vélo-cargos…).
Le troisième axe repose sur la mise en place de dispositifs nécessitant une co-construction entre les acteurs concernés, des logisticiens aux commerçants, comme par exemple la création d’espaces logistiques urbains, dotés de bornes de recharge électrique, ou des consignes automatiques recevant les marchandises des commerçants ou particuliers…
La mise en œuvre d’une ou l’autre de ces actions repose sur un principe de concertation à initier avec l’ensemble des parties prenantes concernées. Des outils de suivi des actions doivent être alors mis en place, pour évaluer leur déroulé et leur impact.
Vous pouvez vous faire accompagner par des bureaux d’études spécialisés. C’est l’objet du programme InTerLUD, visant à déployer une cinquantaine de chartes de logistique urbaine durable.
Élu(e), je peux...
- Promouvoir des modes de transports meilleurs pour la qualité de l’air et moins bruyants pour la livraison des marchandises.
- Organiser une concertation avec commerçants, professionnels et citoyens pour développer de bonnes pratiques d’utilisation de la voirie, avec des horaires dédiés ou l’utilisation de petits véhicules par exemple.
- Favoriser la mise en place de centres de distribution urbains, plateformes logistiques en périphérie pour optimiser la livraison en centre-ville.
- Encourager les opportunités multimodales (fluvial, fret).
Convaincre mon territoire
- De nombreux élus pensent que la mobilité des personnes est plus importante. Or l’épidémie de Covid-19 a montré que la livraison des marchandises est une activité qu’on ne peut arrêter. Vous pouvez décider d’en faire désormais une priorité.
- Réduire les désagréments des livraisons en ville (nuisances sonores, pollution, camions garés en double file, congestion de la circulation…), grâce à des aménagements et des pratiques durables, améliore la qualité de vie des habitants.
- Des activités logistiques qui fonctionnent bien sont aussi source d’un dynamisme économique local. C’est un élément de l’attractivité dans un cœur de ville. C’est aussi un secteur qui pourvoit des emplois non délocalisables.
- Changer la logistique urbaine est un chantier complexe. Mais de nombreux accompagnements existent pour vous aider à défricher ce sujet nouveau.
Métropole des Pays-de-la-Loire - 303 000 habitants
Service de réception des colis personnels des agents sur le lieu de travail.
Ceux-ci sont réceptionnés par le personnel d’accueil et placés dans des consignes sécurisées. L’idée est de limiter l’impact des livraisons liées aux achats sur Internet. Et notamment lorsque les livreurs ne trouvent personne à domicile, ce qui entraîne un second passage, et donc des kilomètres parcourus supplémentaires et un surcroît de pollution.
Quartier Parisien - 195 700 habitants
Un réaménagement qui a intégré la question de l’approvisionnement grâce à une « halle multimodale » construite sur un ancien site ferroviaire.
Les biens à destination des surfaces alimentaires et des magasins d’habillement, ainsi que les colis pour les particuliers ou les entreprises, y seront acheminés par train à partir de deux plateformes installées en périphérie. Ils seront ensuite livrés dans le quartier par des véhicules respectueux de l’environnement. À la clé, ce sont 44 000 poids lourds en moins sur les routes d’Île-de-France, avec une réduction attendue de 1 500 tonnes de CO2.
Ville de Nouvelle-Aquitaine - 75 700 habitants
Mise en place d’un centre de distribution urbain, plateforme de 700 m2 à la périphérie, pour réduire les pollutions et la congestion dues aux livraisons dans son centre.
La gestion a été confiée à une entreprise, via une délégation de service public. Le transport des marchandises aux professionnels comme aux particuliers est assuré par des véhicules électriques, dont deux frigorifiques. La nouvelle organisation a permis une économie de 105 tonnes de CO2 depuis 2001, une réduction de 3 heures de circulation par camion et par jour pour les transporteurs et une nette diminution du bruit et de l’encombrement aux abords des commerces.
Métropole en Auvergne-Rhône-Alpes - 519 834 habitants
Signature d’un partenariat avec un grand acteur de la livraison pour développer des solutions de logistique urbaine innovantes et durables.
Concrètement, les transporteurs engagés pourront déposer leurs colis dans un entrepôt en proche périphérie. Ensuite des véhicules à faibles émissions se chargeront de les livrer aux clients professionnels ou dans des consignes à colis placées dans les espaces publics. Enfin, un travail collaboratif est mené avec d’autres logisticiens pour créer un ou plusieurs centres de mutualisation. De son côté, la Métropole s’est engagée à mettre en place une réglementation du transport de marchandises offrant des plages horaires de circulation plus larges pour les véhicules à faibles émissions et encourager le déploiement d’un réseau de stations GNV.
Concrétiser et financer le développement d’une logistique durable sur mon territoire
Budget
L'ADEME et ses directions régionales lancent régulièrement des appels à projets et/ou des appels à manifestation d'intérêt, retrouvez toutes nos subventions.
Le Conseil régional d’Île-de-France organise des appels à projet pour financer des expérimentations dans la logistique.
Contacts & Données
La fabrique de la logistique plateforme d’accélération de projets innovants initiée par l’ADEME a pour vocation de mettre en relation les acteurs, regroupés en communautés d’intérêt, dont une rassemble les territoires, qui échangent sur les bonnes pratiques et les innovations dont ils auraient besoin, et lancent des actions pour les mettre en œuvre.
L’association AFILOG propose l’expertise de spécialistes de la logistique sur les questions du foncier et de l’immobilier.
L’association ASLOG rassemble les professionnels de l’approvisionnement.
Le programme national « Marchandises en ville », développé par France Mobilités, organise des ateliers pour mieux connaître les données logistiques.
Le Club du dernier kilomètre de livraison est un lieu de débat et de réflexion entre industriels, donneurs d’ordre et élus locaux.
L’association Club Démèter Environnement et Logistique regroupe les professionnels du secteur pour mettre en œuvre des pratiques durables via la collaboration et l’expérimentation.