Valorisation des biodéchets

Les déchets alimentaires, les déchets verts des parcs et jardins et autres déchets biodégradables sont aujourd’hui encore massivement mis en décharge, générant des gaz à effet de serre, ou incinérés alors qu’ils représentent une ressource importante de matière.

Pourquoi il est important de mettre en œuvre un traitement particulier des biodéchets ?

Plutôt que d’enfouir ou brûler les biodéchets, favorisons le retour au sol de la matière organique. Ce ne sera bientôt pas seulement une question de bon sens écologique, mais une obligation réglementaire.

À compter du 31 décembre 2023, le tri à la source des déchets est généralisé pour tous. Celui-ci peut prendre deux formes : la collecte séparée, en porte à porte, ou la gestion de proximité, avec compostage individuel ou partagé. L’objectif est que chaque foyer dispose d’un dispositif adapté.

Afin de mieux valoriser ce potentiel, la réglementation européenne prévoit que chaque citoyen devra disposer d’une solution pour trier ses déchets alimentaires et de jardin séparément, ce tri permettant de mieux les collecter pour les valoriser. Cette obligation est déjà en cours pour les gros producteurs privés ou publics.

Ces matières peuvent servir à produire de l’énergie grâce à la méthanisation, et/ou être réintroduites dans le cycle végétal par compostage ou épandage. Une solution pour lutter contre l’appauvrissement des sols avec un apport de compost se substituant pour partie à des engrais chimiques.

Chiffres clés pour comprendre

4,2 millions de tonnes de déchets verts ont été collectés en déchèterie en 2017 Source : ADEME Source :

1/3 de la poubelle des ménages est constitué de déchets organiques Source : ADEME Source :

30 kg de nourriture par personne sont jeté chaque année Source : ADEME Source :

1 Mt de déchets verts brûlés à l'air libre chaque année Source : ADEME Source :

50 kg de végétaux brûlés émettent autant de particules fines que 13 000 km parcourus par une voiture diesel Source : ADEME Source :

Comment faire pour valoriser les biodéchets ?

La première des actions est la prévention

On agit « à la source » en prenant des initiatives de lutte contre le gaspillage alimentaire dans la restauration collective du territoire, des écoles aux maisons de retraite en passant par la cantine municipale.

On met en place des solutions de proximité pour faciliter le tri et la collecte de ces biodéchets

On peut développer le compostage domestique pour les ménages disposant d’espace ; on installe des composteurs partagés au bas des immeubles ou dans un quartier ; on met en place une collecte supplémentaire pour ces déchets organiques séparée des autres déchets ménagers.

On sensibilise, les élus, les agents de collecte, les ménages, les gestionnaires d’immeubles, les vendeurs sur les marchés, les restaurateurs et les commerces de bouche…

Si les intéressés ne sont pas informés et sensibilisés, le tri ne sera pas effectué correctement, voire pas du tout. Cette communication doit perdurer au-delà de la phase de lancement pour ancrer les habitudes.

On prévoit des moyens humains pour que les sites de compostage partagés soient bien gérés, sans désagrément, ce qui est un gage de pérennité

Les référents de site sont réunis régulièrement pour maintenir la mobilisation. Des agents de la collectivité, formés à la gestion de proximité, deviennent « maîtres » composteurs.

On met à disposition des particuliers des broyeurs de végétaux

Le broyat de végétaux contribue à un compost de qualité. L’utilisation de ces outils peut être mutualisée. En plus, cela contribue à lutter contre le brûlage des déchets verts, pratique interdite et très polluante.

On prévoit en amont la valorisation qui sera faite des déchets organiques

Utilisation du compost pour les espaces verts du territoire, distribution aux habitants pour le jardinage ou partenariat avec les exploitants agricoles pour utilisation sur leurs cultures. Autant d’économies d’engrais chimiques pour le territoire et pour l’environnement ! Si le gisement de biodéchets de mon territoire le permet, on peut étudier aussi l’opportunité d’installer une unité de méthanisation pour récupérer le biogaz et l’utiliser comme source d’énergie pour alimenter les véhicules du territoire ou pour des besoins de chaleur et d’électricité.

Engager l’action pour valoriser les biodéchets sur mon territoire

Réaliser une étude préalable, en interne ou avec l’appui d’un bureau d’études, est nécessaire pour définir la ou les solutions les plus appropriées au territoire.

Ce diagnostic porte sur le périmètre de la collecte, les modalités d’organisation du service public des déchets, les outils à déployer, le traitement de biodéchets alimentaires, en recherchant par exemple des synergies avec les agriculteurs.

Pour la gestion de proximité, complémentaire de la collecte séparée, il s’agit aussi d’identifier la part des habitants pouvant gérer « in situ » ces déchets dégradables, celle ne disposant pas de jardin et pour laquelle il faut un dispositif collectif.

Encouragez les habitants et les entreprises à s’associer pour être investisseur, acteur ou créateur d’une société locale de production d’énergie renouvelable en mettant à disposition du foncier public, en organisant des ateliers-débats sur ce sujet.

Vous vous donnez le temps de l’expérimentation :

  • Les dispositifs de tri à la source des biodéchets sont testés en fonction de la typologie du territoire – habitat individuel avec jardin, centre-bourg, quartier dense d’immeubles.
  • Les associations de locataires, de quartier, environnementales, ainsi que les syndics et les bailleurs sont associés à la démarche pour une meilleure adhésion et prise en compte des besoins des usagers.

Une campagne d’information pour sensibiliser les parties prenantes, des élus aux ripeurs, en passant par les syndicats de copropriété est une clé de succès souvent constatée :

  • Il faut expliquer le projet aux citoyens et les accompagner dans le changement des comportements.
  • Des « relais de terrain » sont formés pour intervenir au plus près des habitants.

Vous formez aussi certains agents afin qu’ils deviennent « maître composteur » et/ou vous contractualisez avec des prestataires locaux.

Ainsi par un accompagnement de qualité vous créez les conditions d’un changement de pratique dans la durée.

Mettre en place des indicateurs de suivi est incontournable. Le volume décroissant des ordures ménagères résiduelles donne une bonne idée de la progression du tri des biodéchets à la source.

Élu(e), je peux...

  • Lancer une phase test pour la collecte séparée des biodéchets, après avoir effectué une étude sur les gisements, les débouchés et les coûts.
  • Stimuler la pratique du compostage en l’associant à une tarification incitative et à une diminution de la fréquence de la collecte des ordures ménagères.
  • Faire la promotion du broyage des déchets verts et proposer aux habitants des solutions techniques mutualisées.

Convaincre mon territoire

  • Valoriser les biodéchets est un projet terre à terre. L’enjeu économique de réduction des dépenses consacrées à la collecte et au traitement des ordures ménagères constitue un levier. C’est le moment d’agir pour contrecarrer les effets de la taxe générale sur les activités polluantes (TGAP), amenée à augmenter fortement jusqu’en 2025, notamment pour le traitement par stockage.
  • En donnant une « seconde vie » aux biodéchets, vous vous inscrivez dans une politique environnementale qui participe à l’attractivité du territoire. Les volumes collectés peuvent, par exemple, pérenniser un projet de méthanisation sur le territoire.
  • La gestion séparée des déchets alimentaires suscite des craintes : mauvaises odeurs, présence de nuisibles, risques sanitaires, équipements en plus. Des solutions existent, tant techniques qu’organisationnelles, pour lever les réticences : cuve réductrice, camion de collecte qui lave le bac, benne bi-compartimentée, fréquence de ramassage plus élevée que pour les déchets recyclables, etc.
  • Demander des efforts supplémentaires de tri à ses administrés peut sembler une difficulté. En faisant un sondage auprès des habitants, vous verrez que les citoyens plébiscitent ce type de solutions sous réserve d’être accompagnés pour changer de pratique.

Chiffres clés pour agir

15-25 €/hab. c'est le coût de la mise en place d'une collecte séparée Source :

21 €/hab. c'est le coût médian de la gestion des biodéchets Source :

1 an pour 50 000 hab. c'est la durée moyenne pour déployer un projet de collecte séparée Source :

1 an pour structurer la politique de compostage individuel : distribution d'équipements mais surtout accompagnement des usagers par des personnes formées Source :

Ils le font déjà !

Concrétiser et financer la valorisation des biodéchets sur mon territoire

Retombées attendues

Baisse des ordures ménagères résiduelles = réduction des coûts de traitement.

Bilan environnemental amélioré (diminution du stockage et de l’incinération des déchets).

Des citoyens aidés dans le geste le plus plébiscité de la transition écologique : le tri des déchets.

Liens renforcés avec le monde agricole avec l’apport de matière organique de qualité, remède à l’appauvrissement des sols.

Budget

L'ADEME et ses directions régionales lancent régulièrement des appels à projets et/ou des appels à manifestation d'intérêt, retrouvez toutes nos subventions.

Le Conseil régional accompagne les projets de tri à la source des biodéchets, et peut compléter les aides de l’ADEME.

Contacts & Données

L’ADEME propose un appui technique, notamment l’animation de réunions destinées à sensibiliser les élus au tri à la source des biodéchets. Elle diffuse la connaissance via des publications régulières.

Le Réseau Compost Citoyen (RCC), association nationale, fait la promotion du compost citoyen sous toutes ses formes. Quant au Réseau Compost Plus, il favorise les échanges entre les élus et techniciens des collectivités locales engagés sur le tri des biodéchets, et particulièrement dans le domaine de la collecte séparée.

AMORCE, le réseau national des territoires engagés dans la transition écologique, met à disposition des guides et un accompagnement par une équipe d’experts pluridisciplinaires (technique, économique, juridique, fiscal et communication).


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