Conseil
Agir contre la pollution lumineuse
Pour réduire la consommation d’électricité, limiter la pollution lumineuse ou encore préserver le cadre de vie des habitants, une bonne gestion de l’éclairage public est essentielle.
POUR QUI ? Élus locaux
En tant qu’élu, je peux…
- Engager une démarche globale de sobriété lumineuse, qui prenne en compte à la fois les enjeux de l’énergie et de la biodiversité sur le territoire.
- Adapter les horaires d’éclairage public, en instaurant une extinction en cœur de nuit après une concertation sur les usages et les besoins des habitants.
- Réduire le nombre de points lumineux, notamment en supprimant ceux à proximité des espaces naturels, sur les axes routiers empruntés uniquement par des voitures et en dehors de l’agglomération.
- Lors de la rénovation du parc d’éclairage, privilégier des équipements respectueux de la biodiversité : éclairages de faible puissance, de température de couleur chaude de 2 400 K ou moins.
- Sensibiliser les habitants à la nuit et à son rôle pour la biodiversité – paysages, ciel étoilé, etc. – via des animations dédiées.
- Mobiliser les entreprises locales pour adopter des pratiques responsables en matière d’éclairage de leurs bâtiments et enseignes.
Sobriété énergétique : passez à l’action
Et en pratique, on peut…
Faire un état des lieux à la fois des usages/besoins d’éclairage public des habitants et de la biodiversité
Sur la base d’un diagnostic à l’échelle du territoire communal, voire intercommunal, on peut mettre en place une gestion différenciée de l’éclairage public selon les secteurs du territoire (échelle variable : rues, quartiers, zones industrielles ou d’activités, bâtiments non résidentiels, etc.). La différenciation de l’éclairage repose à la fois sur sa temporalité (horaires, durées), sur son organisation spatiale et sur le matériel installé (quantité de flux lumineux, composition spectrale, orientation, etc.). Cette réflexion spatialisée à l’échelle du territoire peut se faire dans le cadre d’une trame noire, en s’appuyant sur la cartographie des continuités écologiques nocturnes à préserver et à restaurer. Cette trame noire s’accompagne d’un plan d’action à mettre en œuvre pour supprimer ou rénover les éclairages aux endroits prioritaires à restaurer.
On peut utiliser les schémas de l’urbanisme lumière pour mener cette réflexion, notamment le schéma directeur d'aménagement lumière, dès lors qu’il prend en compte à la fois les enjeux énergétiques et les enjeux de préservation de la biodiversité.
Mettre en œuvre une extinction de l’éclairage public en cœur de nuit, à l’instar de milliers de communes
On limite l’éclairage aux moments des principaux déplacements quotidiens journaliers (par exemple, extinction à 23 heures, voire à 22 heures, et rallumage à 6 heures) ou de l’activité professionnelle dans certaines zones à enjeux.
Supprimer les points lumineux inutiles et néfastes pour la biodiversité
Sur les axes utilisés uniquement par des voitures, à proximité d’espaces naturels et en dehors de l’agglomération.
Adopter un comportement volontaire
On valorise son engagement en candidatant au label « Villes et villages étoilés » ou aux réserves internationales de ciel étoilé.
Veiller à faire respecter la réglementation
Elle concerne également les éclairages privés (bâtiments non résidentiels, aires de stationnement, parcs et jardins, cheminements, etc.), en s’appuyant sur son pouvoir de police et en mobilisant la police municipale. On sensibilise les copropriétés et les particuliers à leur usage de l’éclairage sur leurs propriétés.
Déployer un programme d’animation lors d’événements nationaux
Durant ces rendez-vous, on sensibilise les habitants à l’environnement nocturne. C’est l’occasion de faire redécouvrir une nuit sans lumière artificielle et de changer de regard sur celle-ci.
- 722 communes de France sont labellisées « Villes et villages étoilés » depuis 2021.
Source : ANPCEN, 2024.
Ils le font déjà
Envisager l’éclairage public de manière différenciée
Une métropole d’Occitanie – 516 000 habitants
Face aux différents enjeux de l’éclairage public – économie, sécurité, santé, biodiversité, etc. –, cette collectivité a entrepris un travail important afin de définir une stratégie sur l’ensemble du territoire. Elle s’appuie notamment sur le principe de la gestion différenciée de l’éclairage, en adaptant les plages horaires et l’intensité de l’éclairage selon les différents espaces de la métropole. Une charte pour diminuer l’éclairage des entreprises a également été rédigée afin de généraliser la stratégie à l’ensemble des gestionnaires concernés. Sur l’année 2022, une baisse de consommation d’énergie de 22 % a été enregistrée sur la métropole.
Protéger la biodiversité nocturne
Une communauté de communes du Grand Est – 15 000 habitants
L’intercommunalité a mené un travail de cartographie croisant les enjeux des trames vertes et bleues avec ceux de la biodiversité nocturne, décliné à l’échelle des communes. Ce premier travail a permis la mise en place d’un programme d’action et de sensibilisation, avec notamment la création d’une charte intercommunale signée par les communes et présentant trois niveaux d’engagement. Cela a aussi permis le contrôle des enseignes allumées en cœur de nuit et la rédaction d’un modèle de courrier pour que les communes puissent rappeler la réglementation aux entreprises.
Découvrir la nuit autrement
Une commune du Grand Est – 122 000 habitants
Cette collectivité participe à l’événement national du Jour de la nuit, en éteignant une soixantaine de bâtiments publics emblématiques de la commune. Des animations de sensibilisation sont organisées lors de cette nuit : sortie nature, observation astronomique avec un télescope, déambulations dans la ville pour découvrir les milieux urbains fréquentés par la chauve-souris. L’occasion de s’approprier le territoire sans éclairage et d’en apprendre davantage sur le vivant qui nous entoure.
Moins de lumière pour protéger un oiseau menacé
Une commune de La Réunion – 150 000 habitants
Chaque année, la commune mène une campagne de sensibilisation et d’extinction de l’éclairage public pour protéger le pétrel de Barau, un oiseau marin endémique et menacé. Pendant plusieurs semaines chaque année, les lampadaires sont éteints pour limiter les échouages de jeunes oiseaux attirés par les lumières artificielles. Par ailleurs, près de 10 000 points lumineux ont été remplacés par des LED moins puissantes, et l’intensité globale de l’éclairage diminue progressivement. Cette action, récompensée par un prix national, illustre l’engagement de la collectivité contre la pollution lumineuse et pour la préservation de la biodiversité locale.
Éclairer mieux et au bon moment
Commune des Hauts-de-France – 238 000 habitants
La collectivité a monté un programme pour restaurer la biodiversité d’un espace tout en améliorant la qualité de l’éclairage public à destination des usagers. Pour cela, elle a eu recours à des solutions techniques : détection de mouvement, choix d’éclairage limitant la pollution lumineuse, mise en veille ou extinction au bout de vingt secondes… Cette stratégie intègre plusieurs projets, dont celui d’identification de la trame noire afin de rétablir les continuités entre les espaces verts, notamment en faveur des chauves-souris.
Pourquoi agir pour un usage plus sobre et pertinent de l’éclairage artificiel ?
- 85 % du territoire métropolitain est exposé à un niveau élevé de pollution lumineuse en 2020.
Source : Commissariat général au développement durable, Proportion du territoire métropolitain fortement impacté par la pollution lumineuse en cœur de nuit, 2021. - 35 % c’est le potentiel de réduction des dépenses d’électricité qu’entraînerait l’extinction de l’éclairage public la nuit.
Source : ADEME, état des lieux des dépenses énergétiques des collectivités locales, 2017. - 72 % des Français souhaitent que leur collectivité coupe l’éclairage public après 22 heures.
Source : Étude INRAE – AgroParisTech, 2022.
La gestion de l’éclairage public permet de répondre à de multiples aspirations des habitants : préserver le cadre de vie de la pollution lumineuse, protéger la biodiversité, maîtriser les factures d’énergie de la collectivité et garantir la sécurité. Il revient aux élus locaux de trouver le bon équilibre, en s’appuyant sur les solutions disponibles en les adaptant à leurs priorités. De nouvelles pratiques permettent d’ailleurs souvent de les concilier.
L’éclairage nocturne, qu’il soit public ou privé (acteurs économiques et particuliers), perturbe durablement la biodiversité et peut aussi avoir des effets néfastes sur le bien-être des habitants. Cette lumière artificielle génère une nuisance importante qui entraîne plusieurs effets négatifs sur les espèces nocturnes, qui vivent, se déplacent, se nourrissent et se reproduisent la nuit, comme les hérissons, les chouettes, les chauves-souris, les papillons ou les vers luisants. Les espèces diurnes, animales et végétales, se reposent la nuit et sont également perturbées.
La lumière artificielle a aussi des effets délétères sur les êtres humains : sommeil perturbé par la lumière intrusive qui, depuis la rue, entre dans la chambre par les fenêtres, perte de qualité des paysages nocturnes et de l’accès au ciel étoilé, risque lié à l’exposition prolongée à la composante bleue du spectre lumineux, etc.
Enfin, les factures d’électricité consacrées à l’éclairage des espaces publics représentent souvent une charge importante pour les communes. Mieux maîtriser ces consommations est souvent un bon moyen de gérer les dépenses de fonctionnement de la collectivité, tout en permettant de préserver la biodiversité.
Des ressources utiles
- Guide Trame noire – Méthodes d’élaboration et outils pour sa mise en œuvre