Conseil
Protéger notre santé en préservant la qualité de l’air, de l’eau et des sols
La santé est une préoccupation majeure des Français, avant celle de l’environnement. Pourtant, ces deux enjeux sont étroitement liés. Préserver la qualité de l’air, de l’eau et des sols est autant un enjeu de santé publique qu’une nécessité pour réussir la transition écologique.
POUR QUI ? Élus locaux
En tant qu’élu, je peux…
- Mettre en place une politique proactive pour un urbanisme favorable à la qualité de l’air.
- Déployer des solutions et des infrastructures de mobilité intermodales et peu polluantes, par exemple en créant des parkings à vélos dans les gares, des parkings relais aux abords des villes, ou des bornes de recharge de véhicules électriques.
- Informer et accompagner les habitants vers les solutions qui limitent les émissions de polluants atmosphériques : remplacement des vieux appareils de chauffage au bois, alternatives au brûlage des déchets verts, mobilités peu polluantes, covoiturage, etc., voire restreindre les usages les plus polluants.
- Veiller à la qualité de l’air intérieur des établissements recevant du public, en particulier des jeunes enfants (établissements d’accueil de la petite enfance, établissements scolaires, établissements de l’aide sociale à l’enfance, etc.), en renouvelant efficacement l’air et en choisissant les matériaux et produits de nettoyage les moins nocifs pour la santé.
- Dépolluer et renaturer une ou plusieurs parcelles en friche pour en retrouver l'usage, au bénéfice des habitants et du vivant.
- Favoriser l'installation et soutenir l'activité d'agriculteurs biologiques à proximité des aires de captage, afin d’assurer une eau potable de qualité aux habitants et soutenir les pratiques agricoles économes en azote et peu émissives en polluants atmosphériques.
Qualité de l’air : passez à l’action
Urbanisme durable : passez à l’action
Et en pratique, on peut…
Intégrer les enjeux de santé et d’environnement à la planification territoriale
On adopte une approche concertée des enjeux sur l’eau, l’air et les sols, en prenant des orientations sur les mobilités actives, la préservation des aires d’alimentation, de captage d’eau potable, ou encore la préservation des terres agricoles ou naturelles et la dépollution.
Assurer la qualité de la ressource en eau du territoire
On opère un suivi de la qualité de l’eau brute, en complément de celui mené par l’ARS, pour garantir une eau sans risque pour la santé, et en évitant à la collectivité d’avoir recours à des solutions coûteuses de potabilisation. On réalise également dans l’achat de terres agricoles (notamment à proximité des captages d’eau potable), puis on les loue à des agriculteurs engagés dans des pratiques respectueuses de l’environnement, moins émissives et sans pesticides, contribuant ainsi à la qualité de l’eau, de l’air et au maintien de la biodiversité locale.
Agir pour la qualité de l’air
On soutient et on encourage les pratiques agricoles peu émissives en ammoniac, permettant d’économiser de l’azote et d’améliorer la qualité de l’air. On facilite le renouvellement des appareils de chauffage les plus polluants, notamment les foyers ouverts et les foyers fermés anciens, et on propose des alternatives au brûlage des déchets verts. On renforce les solutions alternatives de mobilité, à la fois en termes d’offres (transports en communs, vélos en libre-service, covoiturage, autopartage, etc.) et d’infrastructures (stationnements et voies réservés, parkings relais et pôle d’échanges multimodal, etc.). On favorise l’intermodalité et on encourage, via le conseil en mobilité, le report modal vers les mobilités douces et partagées, et le renouvellement des véhicules les plus polluants.
On envisage de réguler volontairement la circulation de certaines catégories de véhicules dans les zones urbaines denses, après avoir évalué les bénéfices et les impacts des restrictions. On s’assure au préalable que les solutions alternatives de mobilité sont suffisamment développées et que leur niveau de service est de qualité suffisante pour ne pas pénaliser les habitants qui doivent se rendre dans ces zones. On veille à mettre en place des dispositifs de concertation, d’information et d’accompagnement en amont de la décision. On réfléchit à la mise en place d’une tarification du stationnement renforcée et modulée en faveur des véhicules les moins polluants sur la base de la vignette Crit’air. On déploie une politique proactive pour un urbanisme favorable à la qualité de l’air afin de diminuer l’exposition de la population à la pollution de l’air, et en particulier des établissements qui reçoivent les personnes (ERP) les plus sensibles.
Aménager le territoire en renforçant la nature en ville
La végétalisation des espaces publics, en particulier autour des écoles et d'autres établissements accueillant de jeunes enfants, réduit les îlots de chaleur urbains et offre des espaces de détente. La renaturation des cours d’eau et des zones humides, la gestion des haies agricoles, et plus généralement les mesures de soutien à l’agroécologie jouent également un rôle pour assurer la qualité de l’eau potable et de l’air.
Protéger les sols avec une stratégie foncière adaptée
Mieux identifier les sols à haute valeur agronomique, hydrologique ou écologique permet de les préserver de l’artificialisation. Il est également important d’identifier et de tenir compte de la présence potentielle ou avérée d’une pollution des sols. Sur la base d’un diagnostic multifonctionnel, on peut ainsi mieux choisir l’emplacement et les caractéristiques des aménagements.
Construire, rénover et gérer les espaces et les bâtiments publics avec une attention particulière à l’environnement et à la santé
Végétaliser, choisir des matériaux, des fournitures et des produits d’entretien peu polluants, et veiller à assurer une bonne qualité de l’air intérieur (par exemple, à travers des dispositifs de renouvellement efficace de l’air) dans les bâtiments publics sont autant d’actions favorisant un cadre de vie sain.
Ils le font déjà
Intégrer des périmètres de protection dans le PLUI pour limiter l’exposition aux pollutions
Un EPCI d’Île-de-France – 490 000 habitants
Cette intercommunalité d’Île-de-France a intégré une orientation d’aménagement et de programmation (OAP) « santé environnementale » dans son PLUI, dans l’objectif de minimiser l’exposition de la population à la pollution de l’air liée au trafic routier, et aussi au bruit et à la pollution des sols. Sur le volet qualité de l’air, après une expérimentation sur deux sites pilotes du territoire, la collectivité a décidé de délimiter des périmètres contraignants. Elle interdit notamment certaines constructions dans les zones exposées chroniquement à des dépassements des seuils de pollution de l’air, et un périmètre de surveillance autour des grands axes routiers, où chaque projet doit démontrer qu’il prend en compte la qualité de l’air via des études et des modélisations adaptées.
Dépolluer les sols sur site grâce à un procédé biologique
Une commune des Hauts-de-France – 13 000 habitants
Pour aménager un futur quartier d’une quinzaine d’hectares, une opération de dépollution de 3 000 m³ de terres d’un ancien site industriel est menée directement sur place grâce au biotertre, un procédé biologique innovant qui repose sur l’utilisation de végétaux spécifiques, de micro-organismes et de techniques d’aménagement pour dégrader, absorber ou immobiliser les polluants présents dans le sol. Cette solution permet de réduire le bilan carbone et les pollutions liées au trafic routier, en évitant des centaines de trajets en camion vers des centres de dépollution. Le coût du chantier, estimé à 400 000 euros, n’est pas plus onéreux que les solutions plus classiques.
Protéger l’eau par un projet agroécologique collectif
Une commune rurale du Grand-Est – 100 habitants
Pour sécuriser sa ressource en eau potable, cette commune a acquis 14 hectares de terres situées dans les périmètres de protection des sources en partenariat avec les agriculteurs locaux. Ces parcelles sont exploitées selon un cahier des charges environnemental strict, favorisant la remise en herbe et limitant les pollutions. Parallèlement, un projet agroforestier a permis la plantation de 1 332 arbres et arbustes organisés en haies et alignements intra-parcellaires, contribuant à améliorer la qualité de l’eau, à renforcer la biodiversité locale et à augmenter la résilience climatique du territoire.
Une concertation pour agir sur la qualité de l’eau
Une commune d’Occitanie – 1 800 habitants
Afin d’améliorer la qualité de l’eau sur la commune, qui présentait des dépassements réguliers des normes de potabilité, la collectivité, via le travail d’un animateur, a mis en place une démarche participative. Des outils innovants ont été mobilisés pour établir les objectifs relatifs aux changements des pratiques viticoles présentes sur l’aire d’alimentation de captage. La démarche a également assuré la participation de nombreux habitants de la commune, investis par la suite dans la mise en place de nouveaux projets.
Pourquoi protéger ces biens communs est-il une double priorité écologique et sanitaire ?
- 30 000 cas d’asthme chez les enfants de 6 à 11 ans sont évitables par une meilleure aération/ventilation des salles de classe.
Source : Santé publique France, évaluation quantitative d’impact sur la santé (ÉQIS) de la qualité de l’air dans et autour des établissements scolaires, 2024. - 20 000 ha ou l’équivalent de la surface de la ville de Marseille : c’est la quantité de sols artificialisés chaque année en France.
Source : France stratégie, note d’analyse sur l’artificialisation des sols, 2023. - 97 % des Français estiment que la santé est l’enjeu prioritaire quant aux décisions locales concernant l’eau, les déchets et l’énergie.
Source : Elabe, baromètre de la transformation écologique, 2024.
La protection de la santé est une préoccupation majeure des Français, avant même la protection de l’environnement. Pourtant, ces deux enjeux sont fortement liés : préserver la qualité de l’air que l’on respire, de l’eau que nous buvons, des sols qui sont le support de toute vie est aussi bien un enjeu majeur de santé publique qu’un impératif pour réussir la transition écologique.
Ces biens communs assurent, en effet, des fonctions écologiques essentielles comme la régulation du climat, la filtration des polluants, l’approvisionnement en eau potable, la production alimentaire, ou encore la prévention des risques.
Leur dégradation a diverses sources en fonction des territoires – les transports, l’industrie, l’agriculture, le chauffage, la gestion des déchets, les sites pollués, etc. – et de nombreuses conséquences sur la santé, parmi lesquelles les affections cardiovasculaires et respiratoires, les troubles du développement, les maladies inflammatoires ou encore les cancers.
Les collectivités locales sont en première ligne pour prévenir ces pollutions. En intégrant la préservation de ces biens communs dans leurs plans d’action, elles peuvent limiter les pressions sur les milieux, améliorer la santé de leurs habitants, et accroître la résilience des territoires.
Des ressources utiles
- Guide et méthode – Toutes les fiches Actions
- Relais et contact – Les agences de l’eau
- Guide et méthode – Promotion de la santé, prévention des cancers et aménagement des territoires
- Guide et méthode – Élus, comment intégrer la qualité de l'air dans les projets d'aménagement urbain d'une collectivité territoriale ?
- Guide et méthode – Guide des bonnes pratiques agricoles pour l'amélioration de la qualité de l'air
- Guide et méthode – Alternatives au brûlage des déchets verts
- Vidéo – Améliorer la qualité de l’air sur mon territoire
- Vidéo - Qualité de l’air : un enjeu majeur pour les collectivités
- Découvrez les bilans AACT-AIR :
- Site – Territoire engagé pour un environnement, une santé