Les Plans de Transition Sectoriels : un projet tenant compte des spécificités de chaque filière industrielle
Le Plan de Transition Sectoriel (PTS) est un travail d’élaboration d’outils d’accompagnement au dialogue prospectif dans 9 filières industrielles, en concertation avec les acteurs des secteurs (industriels et fédérations). Réalisé sur une durée de 12 à 18 mois, un PTS construit des scénarios de décarbonation visant à atteindre les objectifs énergie-climat de la France à horizon 2050 (-81 % des émissions par rapport à 2015 pour l’industrie), quantifie les impacts sur les coûts de production, évalue les besoins d’investissements climat et analyse les mutations en emplois. Enfin, le Plan de Transition Sectoriel propose des actions publiques et privées qui permettent de mettre en place les conditions socio-économiques nécessaires à la décarbonation du secteur.
Découvrez ci-dessous les derniers livrables édités. Ils ont pour objectif de présenter les enjeux clés de la décarbonation des secteurs.
Secteur Papier-carton
La filière papier-carton représente 2 % des émissions de l’industrie, soit environ 1,7 MtCO2e. Les procédés de fabrication de pâte, papier et cartons sont relativement énergivores du fait notamment des besoins de températures élevées nécessaires à la cuisson des pâtes et au séchage du papier. Par conséquent, environ 95 % des émissions sont liées à la combustion d’énergie pour produire de la chaleur.
La décarbonation du secteur papier-carton passera donc principalement par la décarbonation de la production de chaleur. En complément, d'autres leviers participent à la baisse des émissions, notamment l'amélioration de l'efficacité énergétique par l'électrification des procédés et le développement de technologies moins matures, notamment la pompe à chaleur à haute température (PAC-HT).
Secteur du Sucre
Le secteur du sucre représente 3 % des émissions de gaz à effet de serre de l’industrie française. La filière de transformation de la canne en sucre (dans les DROM) étant déjà décarbonée par l’utilisation de la fibre (bagasse) comme combustible, seule la filière de transformation de la betterave en sucre (en métropole) contribue aux émissions du secteur, en grande partie par l’utilisation de gaz qui alimente les centrales de cogénération des usines.
La décarbonation du secteur passe d’abord par une poursuite du déploiement des solutions d’efficacité énergétique, permis entre autres par le recyclage multiple de la vapeur. Le changement de mix énergétique par l’utilisation de la pulpe de betterave comme source d’énergie et l’intégration de la déshydratation de la pulpe au sein du schéma thermique de la sucrerie sont d’autres pistes étudiées.
Secteur du Ciment
L’industrie cimentière représente 1/8e des émissions de gaz à effet de serre de l’industrie française. La production de ciment utilise des énergies fossiles pour son apport en chaleur mais génère aussi des émissions de procédé difficilement évitables (environ 2/3 des émissions). L’intégration de sources d’énergies alternatives (biomasse, déchets de la chimie, combustibles solides de récupération), l’évolution des formulations des ciments, la rénovation du parc de cimenteries, ou encore le recours aux nouvelles technologies de capture du carbone sont autant de leviers de décarbonation qui ont été étudiés.
Secteur de l’Acier
La sidérurgie représente 18 % de la consommation d’énergie thermique de l’industrie française et 22 % des émissions de gaz à effet de serre. 90 % de cet impact provient des hauts fourneaux. Pour se décarboner, la production d’acier primaire devra innover pour modifier ses procédés et remplacer les dérivés du charbon comme matériaux réducteurs. Le gaz naturel, la recirculation des gaz de hauts fourneaux, les déchets plastiques et l’hydrogène sont autant de pistes étudiées. Par ailleurs la filière de recyclage étant moins émettrice et moins consommatrice en ressources que la production d’acier primaire, augmenter la part de l’acier recyclé dans la production est un levier de décarbonation du secteur.
Secteur de l’Aluminium
La production d’aluminium primaire représente 5 % de la consommation d’énergie électrique de l’industrie française. En plus de ces émissions indirectes de gaz à effet de serre, la majeure partie des émissions directes est liée au procédé de consommation de l’anode en carbone lors de l’électrolyse. Des leviers de décarbonation du secteur tels que l’utilisation de sources d’énergie décarbonées, ou l’utilisation de technologies de rupture comme l’anode inerte ou la capture du carbone sont présentés. Par ailleurs, la filière de recyclage étant moins émettrice et moins consommatrice en ressources que la production d’aluminium primaire, augmenter la part de l’aluminium recyclé dans la production est un levier de décarbonation du secteur.
Secteur de la Chimie
Le secteur de la chimie représente environ 25 % des émissions des gaz à effet de serre de l’industrie, soit 5 % des émissions nationales françaises. Près de la moitié des émissions proviennent du vapocraquage d’hydrocarbures pour la production d’éthylène et d’autres molécules de base, ainsi que du vaporeformage de gaz naturel pour la production d’ammoniac. Les principales filières en aval sont respectivement celles du plastique (65 %) et des engrais azotés (57 % de la demande).
Une décarbonation ambitieuse de la production d’ammoniac nécessite le recours à l’hydrogène bas-carbone/renouvelable ou au captage et stockage du carbone. La décarbonation profonde de la production d’éthylène, de chlore et de résines polymères passera par une articulation pertinente de différents leviers tels que l’optimisation et l'amélioration du recyclage des plastiques, la substitution des intrants pétro-sourcés, l’électrification, ou encore le captage et le stockage du carbone. Différents niveaux de souveraineté et de sobriété et leurs effets sur la production industrielle française ont aussi été étudiés.
Secteur du Verre
Le secteur verrier représente 3 % des émissions de gaz à effet de serre de l’industrie. Les émissions liées à la production de verre viennent principalement de la combustion de gaz naturel pour atteindre la température de fusion des intrants, mais également de la décarbonatation des matières premières. Les défis principaux du secteur sont de décarboner l’apport énergétique et de réduire les émissions de procédé grâce au recyclage. Des leviers de décarbonation comprenant le recours au biogaz ou à l’hydrogène ou encore l’électrification des fours sont étudiés.