Conseil
Déployer des solutions de mobilité alternative en zone rurale
Alors que les habitants des zones périurbaines et rurales sont souvent contraints d’utiliser leur voiture au quotidien, les communes peuvent les accompagner à changer leurs habitudes en développant des solutions de mobilité alternatives.
POUR QUI ? Élus locaux
En tant qu’élu, je peux…
- Faire de l’accès à une mobilité durable pour tous une priorité de mon mandat, tout en veillant à préserver la biodiversité dans mes aménagements.
- Déployer un plan vélo motivant, avec des pistes cyclables, des aides à l’achat, un service de location longue durée de vélo électrique, des parkings sécurisés près des gares.
- Faire connaître et tester des véhicules intermédiaires pour les trajets du quotidien.
- Lancer des lignes de covoiturage et faciliter l’autostop organisé pour optimiser l’usage des voitures. Réduire la vitesse autorisée pour les véhicules motorisés et contraindre ou interdire la traversée de ma commune par les véhicules lourds, afin de permettre des déplacements à vélo et à pied plus agréables et sûrs.
- Encourager le passage aux véhicules électriques, en installant des bornes de recharge, en informant les habitants sur les avantages de ces véhicules et les dispositifs d’aides à l’achat existants, et en convertissant pour l’exemple le parc de véhicules de la commune en 100 % électrique.
Transport et mobilité durable : passez à l’action
Et en pratique, on peut…
Réaliser une enquête auprès des habitants
On recueille leurs habitudes et leur profil socio-économique, la géographie du territoire et ses pôles d’activité. On identifie les « zones blanches » et les sources d’insatisfaction sur les offres de transport existantes. On peut mettre en place en réponse, par exemple, un service de transport à la demande, flexible et aux tarifs raisonnables.
Encourager la mobilité partagée
On aménage des aires de covoiturage aux abords des routes fréquentées. On fait connaître les services existants de covoiturage et d’autopartage (pour faciliter la location de particulier à particulier), et si nécessaire, on en crée de nouveaux. On stimule l’autostop sécurisé avec des panneaux de signalisation.
Soutenir la circulation de véhicules à faibles émissions
On installe des stations de recharge pour voitures électriques. On investit aussi dans une flotte électrique et on peut proposer aux habitants d’utiliser une partie des véhicules quand le personnel ne s’en sert pas.
Encourager l’utilisation des véhicules intermédiaires (vélomobiles, tricycles électriques, microvoitures, vélos-cargos, etc.)
Bien plus légers et moins consommateurs qu’une voiture ordinaire, adaptés aux distances quotidiennes (souvent inférieures à 20 km), tous ces véhicules innovants permettent de répondre à certains besoins de mobilité : les faire connaître et aider les habitants à les acquérir est une solution.
Prendre des mesures pour développer l’usage du vélo traditionnel ou électrique
On déploie des véloroutes et des voies vertes, des parkings sécurisés (notamment en gare), une flotte de vélos électriques en libre-service, un service de réparation, etc.
Rapprocher les emplois et les services des habitants pour limiter les kilomètres inutiles.
On mobilise par exemple les commerçants pour qu’ils deviennent « relais colis » et on apporte les services aux plus près des habitants en encourageant les conciergeries mobiles et autres camions ambulants multiservices.
Articuler politique de mobilité et préservation de la biodiversité.
On privilégie l’utilisation des emprises existantes pour l’aménagement de nouveaux cheminements doux, en végétalisant à l’aide d’essences locales. On étudie les impacts des projets d’infrastructure et on s’efforce de les éviter ou de les réduire, avant d’envisager de les compenser. On aménage des passages à faune (crapauduc, écuroduc, etc.) et on rend les accotements perméables grâce à des revêtements poreux et des noues végétalisées.
Ils le font déjà
Autopartage électrique en milieu rural
Une intercommunalité en Pays de la Loire – 30 000 habitants
L’agglomération a mis en place un service d’autopartage de voitures électriques accessibles via une application ou une carte d’abonné. Six véhicules sont répartis sur cinq communes rurales pour répondre aux besoins ponctuels des habitants. Le service facilite les déplacements vers les gares, commerces ou rendez-vous, tout en réduisant les émissions de CO₂. Il s’appuie sur un réseau de bornes de recharge locales et vise à rendre la mobilité durable accessible, même en zones peu denses.
Un véhicule intermédiaire pour déposer les enfants à l’école
Une commune des Hauts-de-France – 1 400 habitants
Dans cette commune, le conseil municipal a fait le choix d’un véhicule intermédiaire pour assurer le ramassage scolaire : un quadricycle à assistance électrique, construit majoritairement en bois, et pesant seulement 200 kg pour neuf passagers. Conduit par un adulte, propulsé par les enfants, ce vélobus circule chaque matin dans le village. Le dispositif permet non seulement de réduire les trajets en voiture, mais aussi de favoriser l’exercice physique et de donner le goût des mobilités actives.
Schéma ambitieux de mobilité durable
Une intercommunalité en Corse – 30 000 habitants
Une voie verte de 24 km offre un itinéraire sécurisé pour les cyclistes entre deux pôles urbains. Par ailleurs, plusieurs vélos à assistance électrique sont disponibles en location courte durée, encourageant la mobilité active à faible impact. Le territoire s’est aussi doté d’une trentaine de bornes de recharge pour véhicules électriques réparties dans plusieurs communes, favorisant le passage à l’électrique. Enfin, une étude est en cours pour implanter des navettes maritimes, qui pourraient compléter l’offre de transport collectif sur la côte.
Covoiturage et aires multimodales pour limiter les trajets en voiture solo
Une agglomération de la région PACA – 110 000 habitants
Pour réduire l’usage massif de la voiture individuelle – 75 % des 450 000 déplacements quotidiens – cette communauté d’agglomérations a lancé un programme de covoiturage en partenariat avec une application existante. Le service est gratuit pour les passagers et les conducteurs sont indemnisés (entre 1,5 et 3 euros par passager) par l’agglomération. En un an, plus de 2 500 personnes se sont inscrites et les résultats ont conduit à doubler le budget consacré à l'opération. En parallèle, deux nouvelles aires de covoiturage sont en projet près des principaux échangeurs. L’une accueillera des bornes de recharge, une consigne vélo sécurisée et une liaison avec les transports en commun. L’autre viendra agrandir une aire existante.
Pourquoi est-il important de développer d’autres modes de transport en milieu rural et périurbain ?
- 75 % de l’énergie utilisée par nos voitures sert à transporter des sièges vides
Source : Observatoire national du covoiturage quotidien, 2025 - 1 000 000 de trajets mensuels en covoiturage en France, en mars 2023
Source : Registre de Preuve de covoiturage - 60 % des trajets domicile-travail de moins de 5 km sont effectués en voiture et seulement 5 % à vélo
Source : INSEE, Insee Première n° 1835, 2021
Les collectivités jouent un rôle clé pour limiter le recours automatique à la voiture individuelle, et notamment pour accompagner les habitants des zones périurbaines et rurales, contraints d'utiliser leur véhicule au quotidien. C'est un enjeu pour le climat, la qualité de l'air et le pouvoir d'achat des habitants.
Poursuivre dans cette logique contribuerait également à accroître la perte de la biodiversité, en fragmentant les milieux naturels et en contribuant à l’artificialisation des sols. Développer des alternatives à la voiture en zone rurale ne répond donc pas seulement à des impératifs climatiques et sociaux, c’est aussi un levier pour maintenir les services rendus par la nature, indispensables à la qualité de vie des habitants.