Conseil
Rendre le cœur de ville attractif
Les centres des villes et villages incarnent l’identité d’un territoire, concentrent la mobilité, les services, la vie économique et sociale. Les rendre attractifs et résilients, c’est rendre service à l’environnement, mais aussi aux citoyens.
POUR QUI ? Élus locaux
En tant qu’élu, je peux…
- Rafraîchir les villes, grâce à la nature, des sols vivants non artificialisés et une gestion plus sobre et résiliente du cycle de l’eau, pour garantir de la fraîcheur l’été, un cadre de vie plus agréable et une meilleure santé.
- Soutenir les commerces de proximité et mettre à disposition des espaces pour des projets citoyens (jardins partagés, expérimentations collectives, etc.).
- Faire de la santé et du bien-être des habitants un enjeu fondamental des politiques d’aménagement et d’urbanisme du centre-ville.
- Impliquer les habitants dans les projets d’aménagement pour mieux répondre à leurs besoins et désamorcer les conflits potentiels.
- Déployer un plan d’action pour encourager une livraison plus durable en cœur de ville : encourager la cyclologistique, revoir l’emplacement des aires de livraison, expérimenter des solutions innovantes pour le dernier kilomètre, etc.
- Favoriser les petites surfaces logistiques mutualisées en centre-ville pour rapprocher consommation et distribution.
Et en pratique, on peut…
Mettre en place une opération de revitalisation du territoire (ORT)
On signe une convention avec l’État, l’intercommunalité à laquelle la commune se rattache et ses parties prenantes. L’ORT vise à faciliter la rénovation du parc de logements, de locaux commerciaux et artisanaux, ainsi qu’à favoriser un renouvellement du tissu urbain en centre-ville. Signer une convention ORT confère de nouveaux droits juridiques et fiscaux à la commune, et permet d’accéder à un accompagnement de l’État en matière de conseil et de mobilisation des partenaires financiers.
Trouver des solutions pour lutter contre les îlots de chaleur en cœur de ville
On peut s’appuyer sur la plateforme numérique Plus fraîche ma ville. Pour contrer les canicules, la végétalisation constitue un bon moyen d’apporter une réponse à plusieurs niveaux. Elle contribue à rafraîchir la ville et à préserver la biodiversité, tout en améliorant la santé et la qualité de vie des citoyens. Intégrer plus de nature dans les villes et les villages, c’est créer plus de zones d’ombre et de fraîcheur pour le confort des habitants et davantage d’habitats pour la biodiversité locale.
Appliquer les principes de « l’urbanisme favorable à la santé »
On croise les enjeux locaux de santé publique (population vieillissante, population précaire, surpoids, santé mentale, etc.) et les expositions environnementales favorables ou non à la santé (présence de nature, bruit, axes routiers, îlots de chaleur urbains, etc.). On identifie des actions présentant des cobénéfices pour le bien-être des populations et la transition écologique. Par exemple : renaturer en priorité les quartiers prioritaires de la ville (QPV), mettre des bancs adaptés aux seniors sur les axes de marche pour faciliter leurs déplacements piétons, proposer des marchés en plein air et des jardins partagés pour se reconnecter aux produits sains et de saison tout en créant du lien social, etc.
Animer la vie de quartier tout en rendant la ville accessible à tous les usagers
Pour renforcer la convivialité, on peut miser sur le soutien aux commerces de proximité, aménager les espaces publics et les lieux de sociabilité. Réduire la place de la voiture, sécuriser les trajets à pied ou à vélo, et connecter les quartiers par des axes apaisés sont autant de mesures qui améliorent la qualité de vie. On veille à accorder une attention particulière aux besoins des enfants, des personnes âgées ou des personnes en situation de handicap.
Se doter d’un plan d’action sur la logistique
En réalisant un diagnostic des principaux flux logistiques sur le territoire et des besoins des acteurs locaux, il est possible de réduire les impacts du transport en centre-ville. On peut ainsi identifier du foncier pour accueillir des centres de distribution mutualisés, revoir le placement des aires de livraison pour répondre aux besoins des commerces, accompagner le changement de motorisations via une réglementation incitative, etc. On pense également à maîtriser les flux logistiques que la collectivité engendre à travers l’exercice de ses compétences, par exemple en ayant recours à la cyclologistique, en passant à des flottes de véhicules décarbonés, en contractant avec des prestataires de transport décarbonés ou labélisés (ObjectifCO2, mutualisation des flux, etc.).
Ils le font déjà
Transformer un cœur de village en écoquartier
Une commune de Provence-Alpes-Côte d’Azur – 1 700 habitants
Depuis plusieurs années, la commune a transformé son cœur de village en écoquartier, limitant la circulation automobile et développant les mobilités actives. Les trottoirs ont été élargis, des zones de rencontre à 20 km/h instaurées, et des espaces publics végétalisés créés pour améliorer le confort et la biodiversité. La commune a également installé des arceaux à vélo, des parkings en entrée de village pour désengorger le centre, et construit de nouveaux logements sociaux et services de proximité. Cette démarche, labellisée « écoquartier niveau 4 », a renforcé l’attractivité du village, favorisé le maintien des commerces et amélioré la qualité de vie.
Redonner la priorité aux piétons en cœur de ville
Une ville des Hauts-de-France – 95 000 habitants
Cette ville a engagé une transformation ambitieuse de son centre en faveur de la marche et des mobilités actives. Une partie a été piétonnisée, et des axes majeurs ont été réaménagés pour donner la priorité aux piétons, notamment grâce à des marquages au sol colorés. La collectivité prévoit désormais la mise en place de « superblocks », c’est-à-dire des zones urbaines où plusieurs rues adjacentes deviennent des espaces largement réservés aux piétons et aux vélos. Cela permet de transformer ces quartiers en lieux calmes, sécurisés, où il est possible d’installer des bancs, des jardins partagés ou des espaces de jeux, tout en réduisant fortement la pollution et le bruit.
Une logistique du dernier kilomètre plus propre et plus efficace
Une métropole de Bourgogne-Franche-Comté – 160 000 habitants
La collectivité expérimente une logistique urbaine durable via une plateforme mutualisée pour le dernier kilomètre. Le dispositif inclut des aires de livraison repensées, des modes de livraison décarbonés et la mutualisation des flux pour les commerçants du centre-ville. La métropole a noué un partenariat fort avec La Poste pour développer la cyclologistique, en favorisant l’utilisation de vélos-cargos pour des livraisons silencieuses, zéro émission, et adaptées aux rues étroites du centre historique. Cette stratégie vise à réduire la congestion, améliorer la qualité de l’air et dynamiser l’activité économique locale.
Un parking transformé en oasis de fraîcheur
Une agglomération de la région PACA – 10 000 habitants
Cette commune a transformé un parking classique en espace multimodal végétalisé. Grâce à la désimperméabilisation, l’intégration d’arbres en pleine terre et une gestion douce de l’eau de pluie, l’aménagement limite les îlots de chaleur et améliore le confort d’été. Ce nouvel aménagement rafraîchit le cœur de ville et renforce le cadre de vie, tout en maintenant du stationnement.
Pourquoi agir sur le cœur des villes et des villages en matière de transition écologique est essentiel pour l’ensemble de mon territoire ?
- 68 % des Français de moins de 35 ans souhaitent davantage d’espaces piétons dans le centre de leur ville
Source : Centre-ville en mouvement - 10ᵉ baromètre du centre-ville et des commerces (2025) - 66 % des Français estiment que la revitalisation du centre-ville doit faire partie des priorités dans le cadre des élections municipales
Source : Centre-ville en mouvement - 10ᵉ baromètre du centre-ville et des commerces (2025) - 28 % des émissions d’oxyde d’azote en ville et 30 % de l’occupation de la voirie : c’est ce que représente la logistique urbaine.
Source : ADEME - Avis d'expert sur la transition de la logistique (2025)
Le centre des villes et des villages n’est jamais isolé du reste du territoire : ce qui s’y joue a des effets en chaîne sur l’ensemble de la commune, voire de l’intercommunalité. Les centres-villes et centres-bourgs, qui portent l’identité d’un territoire, concentrent les flux de mobilité, les services, la vie économique et sociale… Transformer ces cœurs urbains pour les rendre plus sobres, plus vivables et plus résilients, c’est donc structurer autrement les usages et les ressources du territoire : encourager les mobilités actives à l’échelle locale, améliorer la qualité de l’air, renforcer la vitalité commerciale et les circuits courts, limiter l’artificialisation en évitant l’étalement urbain.
Un centre-ville plus attractif améliore aussi la santé et le bien-être des citoyens, soutient l’adaptation au changement climatique, et dynamise l’activité locale, en particulier dans les petites et moyennes communes.
Des ressources pour aller plus loin
- Guide et méthode – Faire la ville dense, durable et désirable
- Outil – Plus fraîche ma ville
- Retour d’expérience – Végétation et rafraîchissement urbain
- Étude et rapport – Aménager la nature en ville
- Outil – Programme InTerLUD+