Conseil
Adapter son territoire au changement climatique
Le changement climatique s’accélère et ses conséquences sont de plus en plus visibles sur nos territoires. Pour s’inscrire véritablement dans une démarche d’adaptation, les collectivités peuvent s’engager pour anticiper, prévenir les risques et proposer des solutions concrètes.
POUR QUI ? Élus locaux
En tant qu’élu, je peux…
- Cartographier les risques liés au changement climatique sur mon territoire (selon la trajectoire de réchauffement de référence pour l’adaptation au changement climatique – TRACC) et identifier les enjeux prioritaires et les populations les plus vulnérables.
- Sensibiliser les habitants à la prévention des risques naturels et à l’adaptation au changement climatique, en organisant des événements dans le cadre de la Journée nationale de la résilience et en établissant une semaine de l’adaptation au changement climatique dans les écoles, les zones d’activité et les médiathèques.
- Installer des équipements de géothermie réversible et des réseaux de chaud-froid en priorité dans les lieux fréquentés par des personnes vulnérables (établissements de santé, par exemple).
- Créer des îlots de fraîcheur en désimperméabilisant les surfaces bitumées et en multipliant les espaces végétalisés afin de créer de la fraîcheur.
- Prévenir les risques liés aux crues ou au ruissellement lors de pluies intenses, en mettant en œuvre un schéma de gestion des eaux pluviales et en privilégiant l’infiltration à la parcelle.
- Mobiliser les Solutions fondées sur la nature, notamment contre les risques de sécheresse et d’inondation : zones naturelles d’expansion de crue, restauration et préservation des zones humides, désimperméabilisation des surfaces et restauration de la porosité.
Adaptation au changement climatique : passez à l’action
Et en pratique, on peut :
S’appuyer sur les ressources existantes et s’inspirer des bonnes pratiques pour construire sa stratégie
On se base sur la trajectoire de réchauffement de référence pour l’adaptation au changement climatique – TRACC, et on utilise la démarche TACCT pour réaliser un diagnostic climatique précis et construire un plan d’adaptation priorisé, adapté aux spécificités locales, en phase avec le PCAET intercommunal, ainsi qu’avec les orientations nationales et régionales en matière d’adaptation. On utilise les plateformes ressources comme le Centre de ressources pour l’adaptation au changement climatique et l’outil Plus fraîche ma ville pour s’inspirer des bonnes pratiques d’autres collectivités et commencer à concevoir ses projets pour passer à l’action.
Prioriser l’action pour prévenir les risques sur les populations et les activités
Certaines catégories de population (les patients des établissements de santé, notamment), secteurs du territoire (par exemple, les habitats en zone inondable) ou activités économiques, très liés aux évolutions du climat (tourisme hivernal, certaines activités agricoles, par exemple), peuvent être particulièrement concernés en fonction des collectivités. Se renseigner sur l’exposition de sa commune avec GéoRisques dans une démarche de diagnostics et d’actions cohérentes à l’échelle intercommunale (programme de prévention des inondations – PAPI, stratégie territoriale pour la prévention des risques en montagne – STEPRIM). Il est possible de bénéficier d’aides financières importantes de l’État (fonds Barnier). On s’abonne aux services officiels sur le risque d’inondation (APIC, Vigicrues, Vigicrues Flash), et on installe, puis on paramètre l’application mobile Vigicrues. On se prépare à gérer une crise en établissant un plan communal de sauvegarde (PCS).
De très nombreuses solutions existent pour répondre aux enjeux mis en évidence par le diagnostic : on peut s’appuyer sur la végétalisation et la renaturation pour lutter contre les vagues de chaleur, restaurer des zones humides, aménager des bassins de rétention et des chaussées perméables pour limiter les inondations, inciter aux changements de pratiques, etc.
Impliquer les entreprises et les citoyens
On sensibilise les habitants sur les risques majeurs auxquels ils sont exposés (dans le cadre du document communal d’information sur les risques majeurs – DICRIM) et sur les actions qu’ils peuvent mener à leur échelle (économies d’eau, vigilance en période de feux, prévention des risques sanitaires liés à la chaleur, réduction individuelle de l’exposition au risque d’inondation), et sur les enjeux auxquels le territoire doit faire face dans un contexte de changement climatique (évolution des risques naturels). On incite les entreprises de son territoire à intégrer l’enjeu d’adaptation dans leur stratégie de développement. On réalise des exercices de crise en impliquant la population.
Créer une dynamique pérenne et évolutive
On forme les agents et les élus aux enjeux climatiques et aux outils d’adaptation. On intègre le réflexe d’adaptation dans les services communaux et les projets d’aménagement. On met en place un suivi régulier et un système d’évaluation pour ajuster la stratégie en fonction des retours d’expérience et des évolutions scientifiques.
Ils le font déjà
Adaptation au changement climatique en ruralité
Une communauté de communes en Auvergne-Rhône-Alpes – 20 800 habitants
Sécheresses, feux de forêt, canicules… Face à des risques climatiques de plus en plus concrets, une intercommunalité rurale d’Auvergne-Rhône-Alpes a décidé d’agir. Son objectif ? Construire une stratégie d’adaptation sur-mesure avec ceux qui vivent et font le territoire. Grâce à la démarche TACCT, la collectivité a lancé une démarche participative pour poser un diagnostic partagé et co-imaginer des actions concrètes. Trois ateliers participatifs ont été organisés, chacun portant sur un enjeu d’adaptation prioritaire :
- la dégradation de la santé des habitants et des estivants due au changement climatique ;
- la mise en danger des systèmes économiques et touristiques due aux conditions climatiques extrêmes ;
- et enfin, la sécurité des habitants face aux risques aggravés d’incendies et la raréfaction de la ressource en eau.
Réduction des îlots de chaleur
Une commune dans les Hauts-de-France – 15 000 habitants
Et si cartographier la chaleur devenait le point de départ pour réinventer la ville ? C’est le défi relevé par une communauté d’agglomérations, sa ville centre et son agence d’urbanisme, qui, avec le projet européen Cool Towns, ont uni leurs forces pour comprendre, anticiper et réduire les îlots de chaleur. À la clé : des mesures de terrain, des enquêtes de sensibilité, des études microclimatiques, des simulations fines, et des aménagements concrets pour un cadre de vie plus respirable. Symbole de ce changement : une cour d’école de la commune entièrement repensée avec des revêtements clairs et drainants, des essences locales plantées, et une gestion intégrée des eaux de pluie – un micro-laboratoire de rafraîchissement urbain.
Adaptation du littoral
Une commune en Nouvelle-Aquitaine – 14 600 habitants
Face à une érosion accélérée de la falaise, une commune littorale a choisi d’abandonner les solutions temporaires pour engager une stratégie durable de repli des activités vers l’intérieur des terres, accompagnée par la renaturation des rivages. Les premiers jalons de cette adaptation à long terme sont déjà visibles : parkings relais et mise en place d’une navette littorale pour limiter la circulation automobile, réaménagement du sentier côtier avec végétalisation de l’ancien tracé, renaturation des plages pour freiner l’érosion sableuse, et discussions en cours pour la relocalisation du camping, pivot de la recomposition touristique.
Restaurer des forêts pour prévenir les risques
Une commune en Nouvelle-Calédonie – 4 000 habitants
Pour limiter les risques d’inondation et l’érosion des sols, la commune a lancé un projet de remodelage du relief et de plantation de plus de 100 espèces locales sur des zones prioritaires – lieux de captage d’eau potable, anciens sites miniers et sites patrimoniaux. Quarante hectares ont ainsi été reboisés avec des essences locales, adaptées aux conditions climatiques, sur 7 sites. Les habitants participent au suivi et à l’entretien, afin de garantir la pérennité des bénéfices en matière de réduction des risques face aux événements climatiques extrêmes.
Pourquoi faut-il améliorer la résilience des habitants et des entreprises face aux risques climatiques ?
- ×100 C’est l’augmentation possible du coût des dommages annuels moyens associés aux inondations et submersions marines d’ici 2100 en l’absence d’adaptation (de 0,2 à 20 milliards d’euros/an en France)
Source : Troisième plan national d’adaptation au changement climatique (2025)(PDF – 4,8 Mo) - 40 à 50 nuits tropicales/an Dans la moitié nord de la France : des nuits où la température ne descend pas sous les 20 °C d’ici 2100, en cas de réchauffement à +4 °C (hors montagne, Manche et Bretagne – scénario TRACC)
Source : Troisième plan national d’adaptation au changement climatique (2025)(PDF – 4,8 Mo) - + de 8 Français sur 10 considèrent que leur territoire devra engager des mesures importantes d’adaptation face au changement climatique
Source : ADEME – Les représentations sociales du changement climatique – 25ᵉ vague du baromètre (2024)
À l’heure où les impacts climatiques sont visibles sur tous nos territoires et s’accélèrent, il est certain aujourd’hui que les conditions climatiques, et donc nos ressources naturelles et nos manières d’habiter les territoires, vont profondément se transformer au cours du 21ᵉ siècle. Face aux sécheresses et canicules à répétition, inondations, feux de forêts ou recul des côtes littorales, nous devons prévenir les risques et protéger les habitants, maintenant et demain.
Anticiper les impacts climatiques, mener des actions préventives et proposer des solutions permettront de maintenir la vitalité du territoire, de maîtriser les coûts d’assurance et de lutter contre l’éco-anxiété. Par ailleurs, un grand nombre de solutions d’adaptation présentent des co-bénéfices pour les habitants et les acteurs économiques : amélioration du cadre de vie, préservation des ressources naturelles et de la biodiversité, attractivité et résilience économique… Un diagnostic partagé des vulnérabilités locales, adossé à une stratégie d’adaptation progressive, permet de fédérer les acteurs et de retrouver une maîtrise face aux incertitudes. Intégrer un « réflexe adaptation » dans les projets communaux – voirie, espaces verts, urbanisme –, en agissant dès aujourd’hui pour prévenir plutôt que subir.
Des ressources utiles
- Guide et méthode – Démarche TACCT
- Outil – Facili-TACCT
- Centre de ressources – Territoires & climat
- Outil – Plus fraîche ma ville
- Outil – GéoRisques
- Centre de ressources – Centre de ressources pour l’adaptation au changement climatique
- Communauté et réseaux – Répertoire des acteurs pour l'adaptation au changement climatique